Ce château date des années vingts ou trente. Il appartenait à la société des mines l’Ouenza et certains habitants pensent qu’il est construit sur les décombres d’un vestige d’époque ottomane.
On ignore encore l’origine de son nom, « Chancel » : serait-ce en rapport avec la présence de balustrades. Car Chancel viendrait du latin cancelli, signifiant barrière ou balustrade.
Le château a connu plusieurs fonctions : il fut d’abord la résidence du directeur de la société de l’Ouenza dans les années trente.Il devint à partir de 1943 le nouvel hôpital militaire, l’ancien (situé dans les locaux de la mosquée Abou Marouane) ayant été bombardé par l’aviation allemande. Il le restera jusqu’à la construction de l’actuel hôpital civil « Ibn Roch’d » en 1960. Le château se vit ensuite transformé en caserne, appelée la 252ème CCR, entre 1960 et 1962.
Après l’Indépendance de 1962, le château accueille dans l’urgence les réfugiés algériens exilés vers les frontières tunisiennes. Des familles nombreuses se retrouvent au sein de ce bâtiment, inadapté à leur mode de vie, ce qui accélère sa dégradation. Une légende urbaine raconte que le château était hanté : un moyen comme un autre de le protéger ?
Pillé par des inconnus avant de brûler en 1970, il est enfin racheté par un particulier.
Depuis son acquisition, le propriétaire s’efforce de le réhabiliter et ce, malgré quelques difficultés : l’absence d’entreprises spécialisées en réhabilitation, le manque d’artisans qualifiés, sans parler du coût de l’opération et de l’absence de subventions.
En 1991, le château devient un hôtel, comprenant une salle polyvalente et une piscine, avec une extension construite juste à coté.
Architecture du château :
Le château est une oeuvre rare en Algérie, du style Italianisant, caractérisé par les éléments suivants :
1 – un toit débordant à faible pente avec des aisseliers (consoles) en bois qui soutiennent la charpente ;
2 – Des corbeaux en bois et des corniches, avec une frise en céramique au niveau de la corniche ;
3 – Des fenêtres et portes à fronton circulaire avec un couvrement en brique en forme d’arc segmentaire, avec ou sans écoinçon ;
4 – Des fenêtres étroites, jumelées et embellies de reliefs au niveau de l’entrée ;
5 – Un étage noble situé au premier niveau : il est pourvu de fenêtres plus hautes et plus larges que le reste du bâtiment. C’est là que se trouvent généralement les pièces de réception et les chambres dévolues aux invités de marque ;
6 – Le bâtiment est surmonté d’une tour ornementale en forme de campanile italien ;
7 – Un belvédère sous forme de table d’orientation en bois : offrant une vue panoramique, orienté vers la ville, il s’agit d’une d’oeuvre d’art en bois ornée de balustrades et portée par des poteaux sculptés, dotée d’un système de pannes radio-concentriques
8 – Une loggia coté façade postérieure avec balustrades et poteaux en bois, aujourd’hui disparus et remplacés par du béton ;
9 – Des angles rayés de pierres et de briques rouges rajoutant une touche anglaise à l’ensemble.
Intérieur du château :
Le nouveau propriétaire rajoute une touche mauresque avec un plafond coloré orné d’étoiles d’Andalousie, et afin de restaurer l’escalier en bois de l’époque, le propriétaire a eu l’idée de récupérer le reste des poteaux en bois jetés aux alentours du château et les réemployer comme balustres et têtes de départ. Sur cet escalier, on remarque encore les traces de l’incendie derrière le vernis.
Et si on essaie de remonter le temps, voici le témoignage rapporté d’un ancien peintre du château, M. Hoff :
» Avant l’arrivée de la CCR, le bâtiment était un hôpital militaire. Les grandes pièces du rez-de-chaussée faisaient office de salles d’opérations et de soins ; elles étaient peintes en bleu-roi. Paraît-il que cette couleur “chassait les mouches”…).
- Cet article nous a été transmis par « Patrimoine d’Annaba« , LE PREMIER SITE CONSACRÉ AU PATRIMOINE ARCHITECTURAL ET URBAIN D’ANNABA