C’est le chevalier Paul, grand marin, qui lui donne « l’idée géniale « : éliminer les corsaires d’Alger, qui terrorisent la Méditerranée. Immensément célèbre, ce héros de la marine royale fascine le roi avec ses récits de batailles homériques. A priori, le conseil est louable, car les corsaires d’Alger pillent sans relâche les navires de commerce et n’hésitent pas à effectuer des raids à terre pour collecter des esclaves. La perspective de « karchériser » la Méditerranée emballe totalement le souverain. La décision est donc prise de déclarer la guerre aux « pirates barbaresques ». Mais pas question de les combattre en mer où ils sont invincibles. Le Roi-Soleil donne alors son feu vert à un débarquement en territoire algérien.
La construction navale est donc relancée, et plusieurs missions navales de reconnaissance vont espionner les places fortes de l’ennemi. Finalement, la décision de débarquer sur la côte de Barbarie est prise en 1664 par Colbert. La cible choisie est Djidjelli, port fortifié situé à mi-chemin entre Alger et Tunis.
Le 2 juillet 1664, la flotte française quitte Toulon. Ce sont 63 bâtiments embarquant 9 000 marins et soldats placés sous le double commandement du comte de Gadagne et du duc de Beaufort, qui débarquent sur la côte Djidjellienne le 22 juillet. La partie de plaisir annoncée devient un cauchemar. La ville est certes prise, mais les troupes françaises y sont bloquées par une résistance plus forte que prévu. D’autant que les chefs du corps expéditionnaire se détestent et sont incapables de coordination. Ambitieux, Beaufort abandonne les hommes à terre pour mener la flotte face à Alger. Devant la forteresse algéroise, c’est la bérézina : la flotte française est repoussée et fortement endommagée.
Finalement, la décision est prise de rembarquer les hommes à bord de quatre navires envoyés en renfort : le Dauphin, le Soleil, le Notre-Dame et la Lune. Plusieurs centaines d’hommes meurent dans la pagaille de l’embarquement. Ce qui devait être l’immense victoire saluant l’avènement d’un jeune souverain tourne à la défaite humiliante… A suivre
L. Amrani d’après l’ouvrage de Bernard Bachelot : Louis XIV en Algérie, Éditions L’Harmattan