Contribution : Femme marabout en Algérie

« …La baraka du marabout est un pouvoir surnaturel, il opère des miracles et, pour cela, il est le lieu à la fois des espoirs et de toutes les craintes : on attend (ou on redoute) de lui autant que Dieu, parce que, quoique marabout, il n’en est pas moins homme : il est plus proche de nos manques, de nos misères et de nos vœux… » * Même si le terme “homme” désigne ici le genre, il n’en demeure pas moins qu’il pourrait s’appliquer aisément à la femme marabout.
 
Le terme oualya est apparu en Algérie, après l’avènement de l’Islam. Pourtant on connaissait dans l’antiquité des femmes vénérées, maintenant oubliées, à l’exception de Sainte Monique (mère de St Augustin) ou en core Lalla Robba du Ghris.
 
Avec l’arrivée de l’Islam et les nombreux écrits des chroniqueurs arabes, on a plus de sources hagiographiques concernant, les saintes, c’est à dire ces femmes inspirant une vénération, que ce soit pour leur piété, leur vertu ou leur puissance (spirituelle), à l’image de Kahina (Dihya) ou encore Lalla Chemssi, la résistante Kabyle, voire Habissa bni Yeloul des Aures, qui ne faisaient que perpétuer la tradition des “prophétesses” antiques .
 
Durant la période contemporaine, qui n’a entendu citer Lalla Khadidja, dont la cime du Djurdjara a pris le nom de cette femme qui y est enterrée. Est il utile de rappeler la fameuse Lalla Fadhma N’Soumer, l’âme de la résistance Kabyle en 1857, contre les troupes françaises.
 
D’autres femmes objet d’un culte maraboutique, dont la légende se confond avec l’histoire réelle, telles que Lalla Maghnia éponyme de la ville frontière avec le Maroc, Lalla Setti, sur le plateau dominant Tlemcen, ou encore Yemma Gouraya (Bejaia) sont connues à l’échelle nationale . Lalla Zeineb de Hamel qui doit sa réputation pour être l’une des rares femmes à diriger une Zaouia de la confrerie Raymanya, est un cas particulier.
“ Rebi connaît Mimouna et Mimouna connaît Rebi”, cette phrase qui résume la légende de la fameuse Mimouna, qui de son dharih à l’ouest de Sidi Yacoub (entre Honaine et Rachgoun) connue jusqu’aux fins fonds de l’Algérie symbolise un autre caractére de ces femmes marabout.
 
En revanche, bien peu de personne ont entendu parler de Fatma bent Sidi Touati de la région de Sour Ghozlane , ou encore de Lalla Tamezguida, au Djebel Bouzegza, Lalla Ghezouana, dont l’oued et la ville de Ghazaouet porte le nom, Lalla Roya place des archers à Tlemcen, Lalla Saâdiya,dans les monts des Béni Snouss.
A Alger il y avait des mausolées maintenant disparus dédiés à Lalla Setti Taklit (fort Géronimo à BEO) , Setti Meriem près de l’ancienne porte du ruisseau, Lalla Tassadit, près de la porte Bab Azoun, Lalla Imina Haoua (ou Halloula), près de la qoubba de sidi Blel.
 
Au Sud, Lalla Safya est la patronne du Ksar de Sfissifa, à Kenadsa (Bechar) c’était Lalla Aïcha Bent Cheikh, au Touatt, on connait les sanctuaires de Lalla Moura et Lalla Rabha.
 
Il y a en a certainement d’autres saintes aux multiples vertus et aux grands mérites célèbres ou anonymes…vénérées de leur vivant pour certaines, après leur mort pour d’autres.
 
Farid GHILI 
faridghili@gmail.com
 
Sources:
  1. Mouloud Mammeri
  2. Procope
  3. Ibn Khaldoun
  4. Edmond Doutté
 

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