Contribution : Découverte de canons datant du XVI e siècle enfouis en haute Mer

Aujourd’hui en Algérie, quand on évoque le patrimoine historique ou archéologique nous avons tendance à nous orienter directement vers les restes archéologiques terrestres (ce qui est resté enfouis sous terre); en négligent ce qui pourrait venir d’ailleurs… et cet ailleurs c’est la mer, en sachant que toutes les civilisations qui sont passées par notre chère patrie sont arrivées par voies maritimes (à l’exception d’une seule) alors qu’allons-nous découvrir si on commence à s’intéresser à ce qui s’y cache …

Dans le cadre de nos recherches,  le Dr. KHellaf Rafik et moi-même, avons effectué quelques plongées sur un site connu par les pêcheurs de la région de Cherchell, et plus exactement, le lieu dit Rocher Blanc, qui ce trouve à 5 Km à l’est de la ville. En effet, ce Cap d’une couleur blanche comme celui des Calanques à Marseille, et ou des préhistoriens ont  trouvé des restes d’époque préhistorique (éclats de silex …), donne sur une plage ou l’on nous a signalés la présence de canons au fond de la mer…

Nous avons donc commencé notre travail par la délimitation du site, en effectuent une prospection par couloir; et avons pu ainsi, déterminer les restes en question qui s’étendaient sur une surface totale d’environ 1000 m2.    Le travail suivant consistait à numéroter les canons un par un, et le nombre totale était de 20 canons à une profondeur qui ne dépassait pas les 5m de fond.

Après avoir pris toutes les mesures nécessaires (non sans difficultés liées aux conditions climatiques défavorables), nous avons essayé de faire une étude comparative entre les canons du site et ceux connus auparavant en Algérie; et  il s’est avéré qu’il s’agissait de canons embarqués à bord des Galions ottomans du 16éme siècle.

Nous n’avons pas pu collecter plus d’informations au sujet du bateau, qui aurait échoué dans cette région. La difficulté s’explique par le manque de traces  car  le bois résiste mal à l’usure de la mer, mais aussi aussi parce que l’embarcation à dû s’échouer non loin de la plage, où la houle a dû probablement la détruire. Seuls les canons ont résisté grâce à leurs masse énorme (environ 2 Tonnes Chacun)  …

Dans notre étude nous avons proposé la manière la plus adaptée pour protéger le site, en effet, l’UNESCO préconise la protection et la conservation In Situ; malheureusement au moment ou j’écris cet article, la solution n’est plus envisageable car le site est menacé par la construction du nouveau port de Cherchell, et les canons risquent d’êtres détruits à jamais. 

Bien évidement, un projet (le port) d’une telle envergure ne pourrait  être arrêté; et ce n’est pas notre intention. Nous aspirons simplement à essayer de sauver ce qui peut l’être; et plus particulièrement  les canons! Pour cela, nous faisant appel  aux autorités compétentes, afin de prendre la meilleurs décision, et surtout pour ne pas refaire  les erreurs du passé; car pour une meilleure conservation,  les objets qui sortent de la mer doivent être traités. Et c’est notre devoir de protéger les vestiges du passé, pour les générations avenir!

Bensalah Nazim

Doctorant en archéologie

Enseignant à l’Université de Tipasa

 

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