ENTRE BLANCHE ÉMOTION ET COLÈRE ROUGE.
C’est le 26 novembre 1849, soit il y a 170 ans, qu’a pris fin le siège de Zaâtcha, au terme de 52 jours de siège et de combats sanglants, au cours desquels toute la population du ksar fut exterminée. Du coté français il avance une perte de 2000 hommes .
Après la reddition de cheikh Bouziane* le ksar sera détruit de fond en comble, les mosquées renversées, les palmiers arrachés. Tous les habitants, y compris les femmes et les enfants, seront passés au fil de l’épée, alors que « la tête du Cheikh fut fixée à la baïonnette d’un fusil, à la baguette fut pointée celle de son fils et sur la capucine fut ajustée celle du chérif Moussa al Darkaoui. Ces têtes furent exposées dans un camp pour « convaincre les sceptiques de leur mort et servir d’exemple à ceux qui essaieraient de les imiter ».Ce sont les têtes (entre autres), de ces martyrs algériens, qui opposèrent une farouche résistance avant d’être décapités, qui furent longtemps exposées comme des trophées de guerre, avant d’être remisées dans les collections du Muséum de l’Homme de Paris.**
On ne peut voir le lieu du carnage de la population du ksar de Zaâtcha***, sans éprouver l’émotion de la douleur et du chagrin. Mais ce sentiment est contrarié par la déception, lorsqu’on découvre, planté au milieu de ce qui est maintenant un macabre terrain vague entouré de majestueux palmiers dattiers, une insignifiante stèle en ciment, supposée contribuer au devoir de mémoire, dont l’écrit retraçant ce massacre est en partie effacé. Mais c’est la colère, qui vous pénètre plus profondément, lorsque vous apprenez que des ossements d’enfants assassinés, ont été retrouvés,****, dans cet encastrement mémoriel.
C’est un engin devant élargir la piste, qui a, fortuitement, mis au jour ces fragments d’os, d’innocentes créatures. C’est grâce à une association locale, que ce domaine sépulcral est protégé, sommairement, par un alignement de pierres, préservant le bas fond causé par la partie la plus monstrueuse et obscure de l’homme dit civilisé. Cependant, la probité intellectuelle nous oblige à reconnaître que les supplétifs autochtones), n’étaient pas les derniers à prendre leur pied à ce jeu de massacres, comme l’ont déjà été envers leurs concitoyens, à l’époque ottomane, les makhzens, et plus tard, les spahis, les zouaves puis les harkis.
Le récit de cette « solution finale » véritable crime contre l’humanité, a fait l’objet de nombreux écrits, notamment de la part de Mohamed Balhi, un enfant de la région, Halim Cheurfa ou encore du Docteur Ouatmani Settar.
Faridghili@gmail.com
(NB: Ce texte a déjà été publié sur HPA en 2017)
Notes :
*Un notable du ksar, descendant des Bni Ziane (Zianides) de Tlemcen, dont la tribu a évolué en statut de Makhzen à l’époque ottomane
** Depuis quelques années, une pétition réclame la restitution à l’Algérie des têtes des martyrs algériens notamment celles de Zaatcha (Biskra), entreposés dans les sous-sols du musée de l’Homme, à Paris.
***D’autres batailles comme celle d’El Amri, dans les environs de Tolga, eurent moins de résonance médiatique.
****En 2016
Photos Farid Ghili (mai 2017)
1-Têtes de Bouziane, son fils et son lieutenant SiMoussa, actuellement au musée de l’homme en France
2- Stèle commémorative
Image à la Une : Postal – Musée de Versailles – Prise de Zaatcha, 26 novembre 1849, para J.-A. Beauce