Les asphyxiés de Zéralda en 1942

Alors que le monde se mobilisait contre l’expansionnisme nazi, la France coloniale perpétrait les crimes les plus abominables en Algérie contre des civils, sans distinction d’âge ou de genre. Des incidents similaires aux enfumades se sont reproduits au cours du XXe siècle, notamment avec les asphyxies de Zéralda en 1942 et les fours à chaux de Guelma en 1945. Ces épisodes sombres témoignent de la cruauté de la répression coloniale, où les cuves à vin, les grottes et les fours servaient souvent de dernières sépultures pour de nombreux militants et civils algériens.

Asphyxie de Zéralda 1942

En 1942, Zéralda, un village côtier situé à 30 km d’Alger, était un village colonial caractérisé par de vastes domaines. Parmi ses 3500 habitants, 2000 étaient musulmans, majoritairement des ouvriers agricoles.

Sous l’égide d’un racisme virulent et d’une haine manifeste envers les Algériens, le maire de Zéralda, Denis Fourcade, fervent partisan du régime pétainiste, instaure des mesures restrictives à l’égard des Algériens : il leur interdit de se ravitailler aux mêmes horaires que les Européens, de s’asseoir aux mêmes endroits, de se déplacer en groupe, et même d’accéder aux lieux de divertissement comme les salles de spectacle, la place du village et les plages.

Le samedi 1er août, le maire prend la décision de purger sa commune des travailleurs agricoles. Avec l’aide de volontaires armés, de l’inspecteur de police et de deux gardes champêtres, il arrête 38 algériens, y compris des enfants, dans les champs de vigne, au stade et à la plage. Ces détenus sont ensuite enfermés dans une geôle municipale de 15 mètres carrés, située dans le sous-sol du bâtiment communal dotée d’une seule fente de ventilation de 20 cm sur la porte.

Entassés dans cet espace exigu et mal ventilé, les prisonniers commencent à crier leur détresse. Les autorités coloniales envoient un garde champêtre qui leur ordonne de se taire sous peine de mort : « Nous ne vous ouvrirons que lorsque vous serez tous morts » . Après une nuit d’agonie, des passants musulmans qui revenaient de la prière, alertés par les cris, défoncent la porte au matin. Sur les 38 prisonniers, seuls 13 survivent. Les 25 autres sont retrouvés morts, entassés les uns sur les autres, dans des postures horribles.

Six des 25 victimes, dont un enfant d’environ 14 ans, n’ont pas été identifiées. Parmi ces victimes, il y avait quatre enfants âgés de 14, 15 et 16 ans. Pour prévenir une réaction de la population, l’armée a été appelée en renfort et le village a été mis en isolement pendant trois jours.

Devant ces actes abominables, les autorités coloniales tenteront, comme à leur habitude, de minimiser l’incident : Denis Fourcade, l’inspecteur de police et les deux gardes champêtres sont appréhendés mais rapidement relâchés. Le tribunal de Blida se déclare incompétent, tandis que celui d’Oran condamne les responsables à deux ans de prison avec sursis !

Rym Maiz

Génocides coloniaux, Enfumades, emmurements et gazage de grottes de Mostéfa Khiati – Editions ANEp

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