Lion, autruche, guépard, ibis. Autant d’espèces disparues du territoire d’Algérie. D’autres sont en voie d’extinction en dépit de textes de lois.
Ne reste-t-il que le nom de l’autruche (el naâma en arabe) en Algérie ? Naâma, ville anciennement réputée pour son élevage, Oued Naâm à M’sila, Bir Naâm à Biskra, Dayat ennaâm à Ghardaïa. L’autruche struthio camelus d’Afrique du Nord vit en bande, dans les zones arides et semi-arides. Elle sera aperçue près de Hassi Bel Guebbour et au sud de Aïn Amenas en 1971 et 1973, mais elle sera exterminée, dès le début des années 1900, par la chasse récréative.
Le guépard du Tassili a, lui, fait sa dernière apparition en avril 1998. Un mâle s’est glissé dans l’enceinte d’une installation militaire où il sera abattu par une sentinelle. Il a vécu à Beni Ounif (1966), El Goléa (1989), au Hoggar du Sud et au Tassili Azguer. Quant au léopard, il sera vu pour la dernière fois, en 1925, au Nord dans l’Atlas tellien massif de Sidi Ali Bounab. Alors qu’il est chassé pour le plaisir au XIXe siècle à Souk Ahras.
Leo
Qu’en est-il alors du lion de Barbarie ou lion de Nubie, sinon le surnommé Lion de l’Atlas
(Panthera leo leo) ? Le dernier sujet sera aperçu durant les années 1940, dans les monts de Tablat. Ce symbole de la ville d’Oran serait sauvegardé en Allemagne (référence à un documentaire diffusé sur la chaîne allemande ARD en 2011), dans un zoo en Basse Saxe où des spécimens y vivent. L’éléphant, lui, aura vécu dans le Constantinois, à Bou Merzoug et à Ibn Zied, à Fil Fila près de Skikda. Tout comme les hippopotames, les rhinocéros, les ours (caverne des ours et du mouflon sur les flancs des gorges du Rhummel à Constantine) et les buffles, le lion a cohabité avec l’homme préhistorique nord-africain, de la fin du paléolithique supérieur, les peuples numides et maures également.
Ces fauves et autres animaux sont les sujets de gravures rupestres du nord d’Algérie et du Tassili au Sahara. Aussi, leur présence est décrite dans des mosaïques à scènes de chasse du IVe siècle (voir dans les musées de Timgad, Djemila, Tipaza).
Parmi les oiseaux, l’ibis chauve, autrefois très répandu en Afrique du Nord, n’est plus rencontré dans le territoire algérien. Il a niché près de Ksar El Boukhari. Une colonie sera découverte en 1974 à Djebel Amour et à Boughzoul. En raison de l’impact du facteur humain (chasse abusive, braconnage, commerce illicite) et des changements climatiques, nombre d’espèces ont disparu ou sont menacées d’extinction : la gazelle du Sahara, l’hyène rayée, le cerf de Barbarie, le mouflon à manchettes, le singe magot, l’écureuil de Barbarie, la loutre d’Europe, le chardonneret élégant (maknine en arabe dialectal), l’outarde…
Des textes de loi stipulent leur protection et à leur préservation (décret n° 83-509 du 20 août 1983, arrêté du 17 janvier 1995, ordonnance présidentielle n°06-05 du 15 juillet 2006). Encore faut-il qu’ils soient mis en application.
Mohamed Redouane
Sources :
- Presse d’Algérie.
- Centre national de développement des ressources biologiques.
- Image :Un lion en Algérie photographié par Alfred Edward Pease vers 1893