Cela s’est passé un 8 juin 1960, Meriem Bouatoura, tombe au champ d’honneur

Elle est lycéenne lorsqu’elle répond à l’appel de la grève du FLN, le 19 mai 1956. Meriem Bouattoura prend le maquis, puis devient fidaïa à Constantine où elle tombe au champ d’honneur.

 

Meriem Bouatoura est née le 17 janvier 1938, à N’Gaous, dans l’actuelle wilaya de Batna. Son père, un riche commerçant de la ville, avait subi la répression de l’armée française et a été spolié de ses biens, ce qui pousse la famille à quitter les lieux pour s’installer à Sétif. Meriem, surnommée Yasmine par son père, va au lycée de jeunes-filles de la ville. Elle est belle et intelligente et rêve de prendre le maquis pour libérer son pays.

Le 19 mai 1956, Meriem répond à l’appel de la patrie avec plusieurs lycéens de Sétif qui ne resteront pas insensibles à ce mouvement de grève et rejoindront en masse le maquis, convaincus en effet qu’« avec un diplôme de plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres. » Avec Houria Mostefai, Malika Kharchi et Fatima Bensamra, Meriem Bouatoura forme alors avec succès le premier noyau de lycéennes aidée en cela par sa sœur Leïla. La police française la recherche et perturbe sans arrêt sa famille, s’interrogeant sur le pourquoi de l’abandon de ses études alors qu’elle a tout pour réussir. Le vœu de Meriem se réalise et lui permet de rejoindre le maquis en décembre 1956, sans aviser au préalable sa famille, qu’elle contactera plus tard par courrier.

Meriem devra d’abord passer par Tachouda où elle restera durant une dizaine de jours avant d’être rejointe par 7 autres filles qui seront dirigées vers la Wilaya 2 historique (Nord-Constantinois), dans la dachra de Djarah sur les hauteurs de Collo. C’est ainsi que sera formé le premier Faoudj féminin avec Meriem Bouatoura, Ziza Massika, Malika Kharchi, Samia Keraguel, Houria Mostefai, Fatima Bensamra, Aicha Guenifi, Khadra Bellami, Zoubida Zerrouk, Kheira Zerouki, Samia Maiza, et Yamina Cherrad en plus de Leila Moussaoui de Jijel. Elles seront pour la plupart admises dans des structures sanitaires. Meriem sera assistante sociale (mourchida), durant quatre ans, et se déplace régulièrement à travers les montagnes vers les centres de l’ALN. Elle est la seule à posséder une mitraillette du type « MAT 49 » et un pistolet 9 mm.

Puis, elle devient infirmière à la clinique Khneg-Mayou, où elle travaille à Sétif, avec notamment le Dr Lamine Khene, qui a quitté l’université en quatrième année de médecine puis au titre de la structuration qui sera opérée, deviendra responsable de l’hôpital Khan-Maillot à Ouled Youcef, au cœur des montagnes de Collo.

En 1960, à sa demande et avec l’accord de ses responsable, elle rejoint les rangs de la guérilla urbaine dans la ville de Constantine, où elle prend part à de nombreuses opérations commando et attentats.

Meriem Bouatoura ne revoit que deux fois ses parents. Une première fois à l’automne 1957 où elle rencontre sa mère et son grand-père et la seconde, un jour avant sa mort à Constantine sa mère, sa sœur et sa grand-mère.

La dernière opération qu’elle accomplit aux côtés de son camarade Slimane Daoudi dit Boualem Hamlaoui, pour faire exécuter un traître par deux autres fidayine, échoue. Dénoncée, elle est découverte avec Daoudi, Kechoud et Bourghoud dans une maison à Constantine le 8 juin 1960. Encerclée par l’armée française, ils se défendent comme ils peuvent en laçant des grenades et en mitraillant les assaillants. Deux tentatives de sortie échouent. Meriem est chargée de brûler tous les papiers et biens personnels du groupe.

Après trois bombes lacrymogènes lancées par les soldats français, un tank tire des obus sur leur immeuble. Meriem Bouattoura a la jambe sectionnée. Après l’assaut, elle sera été transportée vivante à l’hôpital de Constantine avant d’être achevée par une injection, selon plusieurs témoignages. Et avant de rendre son dernier souffle, Meriem crie « Vive l’Algérie libre et indépendante ! À bas le colonialisme ! ». Elle avait 22 ans.

La maternité (EHS) de Batna, un lycée à Alger (anciennement lycée Félix-Gautier), un institut à Constantine, ainsi qu’un collège à N’Gaous portent son nom.

Synthèse K.T.

Sources :

« Meriem Bouatoura, du lycée au maquis : Une combattante au courage exceptionnel », par Zoghbi F. In El Moudjahid du 1er mars 2015. Article repris dans son intégralité dans www.setif.info

https://www.memoria.dz

https://saidabiida.canalblog.com

 

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1 Comment

jean danis 12 avril 2018 - 17 h 54 min

Bonjour, je suis le petit fils d’un soldat français, Jean-Marie Danis, qui est mort le 8 juin 1960 dans le combat où Meriem Bouatoura et Daoudi Slimane ont été tués. Il appartenait à la 27ème Brigade d’Infanterie, caserne Testanière. D’après les informations que j’ai pu recueillir, mon grand-père a été tué dès le début de l’assaut par Daoudi Slimane. Je suis actuellement en train d’accomplir un travail de recherche et un travail de mémoire sur mon histoire familiale et l’histoire coloniale de mon pays. Malheureusement en France cette histoire est cachée sous le tapis, nous faisons comme si elle n’avait pas eu lieu, et le racisme se renforce. C’est pourquoi je désire vivement échanger avec des Algériens sur cette période honteuse.
Je vous remercie de votre travail, respect!

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