Il y a 188 ans, l’Émir Abdelkader fut proclamé Chef de la résistance à l’invasion française, par les tribus de l’Ouest. L’investiture a eut lieu dans la plaine de « Ghriss », sous un frêne connu sous le nom de « Eddardara ».
« Quant à moi, je ne connaitrai d’autre loi que le Coran ; je ne me laisserai guider que par les préceptes du Coran, par le Coran et rien que le Coran. Si mon propre frère forfait au Coran, même pour sauver sa vie, il mourra ».
Telle fut la déclaration du jeune Abdelkader en ce 27 novembre 1832, dans la vallée de Ghriss près de Mascara, au pied de l’arbre Eddardara. Plusieurs tribus de l’Ouest, dont les Beni Sokran, les Borjia, les Beni Abbas, les Yacoubia, les Beni Amer et les Beni Mehajer s’étaient réunis pour désigner le fils de Mahieddine El Hadj chef de la résistance contre l’envahisseur français. Agé à peine de 24 ans, Abdelkader devenait « commandeur des croyants ». Et il avait toutes les qualités requises pour devenir un grand homme d’Etat. D’ailleurs il expliquera le fait qu’il ai accepter sa désignation ainsi : «Si j’ai accepté le pouvoir, c’est pour avoir le droit de marcher le premier et de vous conduire dans les combats pour la cause, et au nom de Dieu. Je suis prêt à me ranger sous la loi de tout autre chef que vous jugerez plus digne et plus apte que moi au commandement. Il lui suffira de prendre en main la cause de notre foi ».
Au milieu des acclamations qui saluaient ses mots, l’Emir commença de suite sa mission. « Il sauta en selle, et suivi par tous les chefs sous ses ordres, se lança au galop pour passer en revue les unités arabes. A intervalles réguliers, il rassemblait les rênes et s’arrêtait pour lancer de brefs appels : ‘’El djihad ! El djihad ! Il n’y a de liberté et d’indépendance que dans la guerre sainte. Le Paradis est à l’ombre des épées. Rassemblez-vous autour du drapeau de la guerre sainte !’’ » (Charles-Henry Churchill)
Après quoi, l’Emir alla dicter à son secrétaire une lettre aux autres tribus du pays pour les informer de son investiture et les appeler à se ranger sous sa bannière pour lutter contre l’occupant. Et même si plusieurs chefs avaient choisi d’être contre lui, le 4 février 1833, aura lieu une seconde moubayaa où des tribus de différentes régions du pays lui feront allégeance aussi. Le plébiscite étant presque général, Abdelkader s’attèlera à unifier les musulmans. Par les mots ou par la force il devait faire éclore le sentiment d’appartenance patriotique encore inexistant dans le pays.
Avec une énergie inégalable et un charisme légendaire, l’Emir Abdelkader réussira à créer un Etat avec tous ses attributs : une armée moderne, une administration, une diplomatie, ainsi qu’une véritable organisation économique. Il deviendra ainsi le « Fondateur de l’Etat Algérien Moderne ».
Synthèse Z.M.
Sources :
Charles-Henry Churchill : « La vie d’Abd El-Kader ». Editions. ANEP, 2011
Mahfoud Kaddache : « L’Algérie des Algériens. De la Préhistoire à 1954 ». Paris Méditerranée/EDIF 2000, mars 2003.