Mohammed Arab naît un 27 mai de l’année 1917, dans le village de Djemâa-Saharidj, à une trentaine de kilomètres à l’Est de la ville de Tizi Ouzou, dans une famille de modestes paysans mais aussi, des militants de la cause nationale. Il passe toute son enfance dans ce village où la misère s’érige en maître de séant, comme c’est le cas dans toute la région montagneuse et même au delà. Mais si, petit, il souffre du dénuement, c’est dans la musique qu’il se réfugie pour rêver de lendemains meilleurs pour lui comme pour les siens.
En 1942, il se rend à Alger pour chercher du travail. Il y fait l’une des plus belles rencontres de sa vie, celle qui va tracer pour lui un chemin vers la chanson. En effet, il rencontre le maître du Chaâbi, El Hadj M’hamed El Anka avec qui il tisse une grande amitié, avant d’intégrer sa troupe durant quelques années.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1946, Mohammed Arab immigre en France. Il y rencontre de grands noms de la chanson algérienne comme Cheikh Ek Hasnaoui et Slimane Azem ou encore Bahia Farah et Fatma Zohra. Mais sa vie n’est pas toute rose. Déraciné, il goûte à l’amertume de l’exil. L’éloignement de sa terre natale et des êtres chers pèsent lourd sur ses épaules, comme beaucoup d’autres artistes exilés en France. D’ailleurs, sa première chanson, Anfass Anfass, sortie en 1950, relate la dure condition d’un immigré dans ce pays. Sa douce voix chargée de mélancolie séduit immédiatement le public. C’est la consécration pour Mohammed Arab qui devient désormais un Cheikh. Il enchaine une dizaine de titres, dont certains sont des reprises de grands chanteurs kabyles : A mimezran, Akka iduss, Ijrah wul, A yemma fkiyi rrekba, A yemãaren n cerfa, Ceyaâtas ad yass, A yuliw ifnak sbar…
Pour Ckeikh Arab la chanson est un exutoire. Son âme tourmentée s’exprime à travers le chant. Il fait partie des chanteurs qui ont contribué au rayonnement de la chanson algérienne de l’exil.
Cheikh Arab Bouizegarène est décédé le 2 avril 1988, à l’âge de 71 ans. Il est enterré au cimetière Massy à Paris.
Comme d’autres artistes, dont Zerrouki Allaoua, Aouhid Youssef et Saâdaoui Salah, Cheikh Arab a connu le succès d’un instant et est mort loin de toutes considérations, pourtant, il laisse derrière lui de belles œuvres. en 1987, Matoub Lounès lui rend un vibrant hommage en reprenant plusieurs refrains et préludes de Cheikh Arab Bouyezgaren tels que de l’air de l’istikhbar de «Arwah arwah» ou du refrain «Mimezran».
Z.M.