Cela s’est passé un 27 décembre 1946 … Naissance de Abdelkader Djeghloul, éminent sociologue

Éminent sociologue, il a publié de nombreux essais et signé les préfaces d’ouvrages anciens importants, dont celui de Hamdan Khodja, Le Miroir, le premier livre consacré aux premiers jours de la conquête française en Algérie.

Né le 27 décembre 1946 à Rennes, en France, de mère bretonne et de père algérien. Ce dernier, qui portait le nom de famille de Benchergui, était devenu, par la grâce d’un administrateur de l’état civil, dans les années 1920, un Djeghloul.

Abdelkader étudie à l’École normale supérieure d’Alger, à la fin des années 1960 et soutient un doctorat de 3ème cycle en sociologie à faculté des sciences sociales, Paris I, sur le thème « Frantz Fanon, l’ambigüité d’une idéologie tiers-mondiste », en 1972.

Il enseigne  la sociologie à l’Université d’Oran et encadre les diplômés d’études approfondies (DEA) et les tous premiers magisters en Algérie dès 1977. Il dirige le Centre de recherche et de documentation des sciences sociales et humaines (CRIDISSIH) au début des années 1980, qui prendra rapidement une envergure international sous son impulsion pour devenir un véritable centre de rayonnement intellectuel.

Au début des années 1980, le sociologue Abdelkader Djeghloul publie une série d’études culturelles en direction du grand public algérien dans l’hebdomadaire Algérie Actualités. Ces mêmes textes seront plus tard, édités dans le recueil Eléments d’histoire culturelle algérienne (coll. Patrimoine, Alger, ENAL, 1984).

A travers ces études, il restitue des figures et des repères historiques qui ont marqué le réveil de la société colonisée. Pour le théâtre il consacre deux études à ce qu’il considère comme étant les deux figures emblématiques du théâtre en Algérie : Allalou et Rachid Ksentini.

Cette même année, le sociologue publie Trois études sur Ibn Kheldoun (SNED, 1984), puis, deux ans plus tard, Huit études sur l’Algérie (ENAL, 1986).

Durant cette période, il obtient une bourse d’études en France et collabore à l’hebdomadaire de l’Amicale des Algériens en Europe : L’actualité de l’émigration, avant de diriger sa rédaction entre 1985 et 1988.

Sa double formation de sociologue et de philosophe lui permettent de mener ses recherches avec une large approche, s’inscrivant autant  dans l’actualité que dans la profondeur historique. C’est ainsi qu’il entreprend avec les éditions Sindbad de défricher des textes anciens pour une large diffusion. Il préfacera dans cette optique le roman El-Euldj. Captif des barbaresques et Le Miroir, aperçu historique et statistique, de Hamdane Khodja. Notons ici que ses préfaces à elles seules sont de véritables analyses qui peuvent servir d’éléments pour la recherche.

Après une longue absence non dénuée de recherches et de publications, Abdelkader Djeghloul revient au pays au début de l’année 1997. Il enseigne à l’Université d’Oran, donne des conférences dans différentes rencontres et intervient régulièrement dans la presse écrite sur les thèmes sociologiques qui lui tiennent à cœur.

En 2001, il publie Lettres pour l’Algérie aux éditions ANEP et en 2004, aux Editions Dar El Gharb d’Oran, Nouvelles lettres pour l’Algérie, ainsi qu’un ouvrage en deux tomes Pour un regard national (Tome 1 : D’El Djazaïr à l’El Djazaïr en passant par… l’Algérie ; tome 2 : De Hamdan Khodja à Kateb Yacine).

En 2009, il publie Djaout, Tahar, fragments d’itinéraire journalistique, aux éditions Alpha.

Durant ses dernières années de vie, le sociologue sera conseillé auprès du président de la République.

Suite à une longue maladie, Abdelkader Djeghloul décède le 20 avril 2010, à Rabat, à l’âge de 64 ans. Quarante jours plus tard, le directeur de l’Université d’Oran annone que le Centre de recherche en information documentaire des sciences sociales et humaines est baptisé au nom de Abdelkader Djeghloul.

Plusieurs de ses ouvrages, précédemment traduits en arabe chez Dar El-Hadatha (Beyrout) ont été récemment édités en Algérie chez Mémoires d’hommes.

Synthèse Khadidja T.

Sources :

  • « Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP, 2007.
  • « Adieu à Abdelkader DJEGHLOUL, sociologue : Un homme attentif et émotif », par Ameziane Ferhani, paru dans El Watan du 24 avril 2010.
  • Hassan Remaoun et Ahmed Yalaoui, « In memoriam », Insaniyat / إنسانيات, 51-52 | 2011, 17-20.
  • « Hommage au grand penseur : Le CRIDSSH d’Oran baptisé du nom de Abdelkader Djeghloul », par Amine G. Publié dans Horizons le 29 mai 2010.

 

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