Durant cette année, la guerre pour l’indépendance s’était étalée sur l’ensemble du territoire national et entamait un processus d’organisation, après son déclenchement, le 1er novembre 1954. Ce processus avait été entamé, à l’occasion du Congrès de la Soummam, le 20 août 1956.
C’est dans ce contexte que la société française SN Repal avait annoncé la découverte du pétrole dans le sous-sol Algérien. Hassi-Messaoud Le premier puits portait le nom de MD1. Cette découverte avait, aussi, coûté la vie à Jean Riemer, un technicien dans le domaine des hydrocarbures et modifia la donne politique en Algérie, avec le durcissement de la répression de l’armée coloniale contre la population qui apportait un soutien total au Front de libération nationale (FLN).
L’exploitation du gisement connut un début effectif la 7 janvier 1958.
LA DECOUVERTE DE PETROLE ET LA DUREE DE LA GUERRE D’ ALGERIE
C’est en janvier 1956 que le pétrole a été découvert pour la première fois au Sahara, a Edjeleh, dans la région d’In Amenas, Fort Polignac à l’époque. La découverte du plus grand champ pétrolier algérien, Hassi Messaoud est intervenue en juin de la même année.
Auparavant, en 1954, a eu lieu la première découverte d’hydrocarbures; il s’agissait d’une grosse accumulation de gaz qui a été trouvée à Djebel Berga, au sud d’In Salah. C’était là le premier grand gisement de gaz algérien dont les réserves étaient estimées à 100 milliards de mètres cubes, qui n’ont pu être exploitées par manque de débouché commercial.
C’est aussi, dès 1953, qu’ont été attribués les premiers permis de recherches à quatre grandes compagnies françaises : la Société Nationale de Recherche et d’Exploitation des Pétroles en Algérie (S.N.REPAL), la Compagnie Française des Pétroles – Algérie (C.F.P.A.), la Compagnie de Recherche et d’Exploitation Pétrolières au Sahara (C.R.E.P.S.) et la Compagnie des Pétroles d’Algérie (C.P.A.)
Par ailleurs, c’est en 1945 qu’avait été créé le Bureau de Recherches Pétrolières (BRP), un organisme public dont l’objectif était de mettre en place les conditions nécessaires pour aboutir à l’indépendance énergétique de la France et des territoires sous domination française.
Telle était, très brièvement résumée, la situation du secteur pétrolier français quand a été déclenchée la guerre d’indépendance algérienne, le 1er novembre 1954.
On se souvient que de grands espoirs avaient été fondés, tant du côté français que du côté algérien, sur le gouvernement Guy Mollet, qui avait affiché sa volonté de mettre fin à la guerre par des négociations. On se souvient aussi que l’on avait attribuée la reculade opérée par Guy Mollet, à l’accueil que lui avaient réservé les Pieds Noirs, en février 1956, lors d’une visite mémorable à Alger. C’est parce qu’il avait été bombardé de tomates, avait-on dit, qu’il avait fait volte face et procéder à la nomination de Robert Lacoste, un *faucon*, comme gouverneur général de l’Algérie, en remplacement du général Georges Catroux, supposé être une « colombe ».
Ceci n’explique cependant pas le changement de politique amorcé, plus tard, par le gouvernement socialiste, ni la ligne politique suivie par les différents gouvernements qui ont suivi, y compris celui du général de Gaulle. C’est la mise à jour de richesses pétrolières fabuleuses au Sahara, dès le début de cette année 1956, qui a constitué la véritable raison de la poursuite puis de l’intensification de la guerre, comme on allait s’en rendre compte plus tard.
Tout de suite après la première découverte à Edjeleh, on se mit à réfléchir au niveau des plus hautes autorités de l’Etat français sur la manière de séparer le Sahara du reste du territoire algérien et d’en faire une entité à part. C’est cette situation jugée inacceptable pour les Algériens qui fera capoter toutes les tentatives de règlement pacifique de la « question algérienne », comme on disait à l’époque.
C’est ainsi que plusieurs idées, consistant à garder le Sahara sous juridiction française, furent émises tout au long de l’année 1956. Celle qui fut finalement retenue était d’en faire une entité politico-économique autonome, entretenant des liens très lâches avec les pays riverains, mais sur laquelle la souveraineté française serait encore plus accentuée qu’auparavant.
C’est Houphouët Boigny, futur président de la république de Côte d’Ivoire, alors ministre d’Etat du gouvernement Guy Mollet, qui élabora le projet définitif qui fut approuvé par l’Assemblée Nationale, le 29 décembre 1956. Cette initiative a, ensuite, fait l’objet d’une loi, promulguée le 10 janvier 1957, portant création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS). Dans son article premier il y est dit :
« Il est créé une Organisation Commune des Régions Sahariennes, dont l’objet est la mise en valeur, l’expansion économique et la promotion sociale des zones sahariennes de la République Française et à la gestion de laquelle participent l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Tchad ».
La participation de l’Algérie à la gestion des zones sahariennes françaises démontre que le Sahara n’était déjà plus partie intégrante de l’Algérie. Mais ce n’est pas tout. Très vite, dans la foulée, était créé, en juin 1957, un ministère du Sahara, le titulaire du portefeuille étant également désigné délégué général de l’OCRS.
C’est le 7 août 1957 qu’allait intervenir, au plan juridique et administratif, la séparation définitive du Sahara du reste de l’Algérie. Depuis 1902 et jusqu’à cette date, le Sahara était administrativement constitué de « quatre territoires du sud algérien », gouvernés depuis Alger par le gouverneur général de l’Algérie. En vertu des dispositions prises ce 7 août 1957, les quatre territoires du sud algérien étaient transformés en deux départements sahariens, intégrés au sein de l’OCRS, les départements des Oasis et de la Saoura. Ces deux départements constituaient le noyau des zones sahariennes de la République Française, visées à l’article premier de la loi de janvier 1957.
Le pétrole extrait de Hassi Messaoud fut, dans une première étape, transporté par camions citernes, pendant que l’on posait un premier pipeline d’évacuation appelé « baby pipe » entre Hassi Messaoud et Touggourt, qui fut achevé en décembre 1957. A compter de cette date, le pétrole allait être acheminé par wagons citernes, par la voie de chemin de fer reliant Touggourt à Annaba (Bône, à l’époque). Vinrent ensuite deux gros pipelines, l’un de Hassi Messaoud à Bejaia (Bougie), le second d’In Aménas à La Skhirra en Tunisie, pour évacuer le pétrole d’Edjeleh et Zarzaïtine.
Il n’est nul besoin de démontrer plus avant l’importance de la découverte de pétrole au Sahara et ses conséquences sur la conduite et la durée de la guerre. Il suffit de citer quelques chiffres seulement. La France importait quasiment 100% de sa consommation pétrolière avant 1956; cette dépendance n’était plus que de 90% en 1960, avant de tomber à 60% en 1962. De même, la balance commerciale était déficitaire avant l’arrivée du pétrole saharien, qui avait permis ensuite de faire une économie de l’ordre de 250 millions de dollars US, de l’époque, en 1960.
LA rédaction Babzman
Sources :
- Hocine Malti, Algeria-Watch
- Le portail du cinquantenaire de l’indépendance algérienne