Cela s’est passé un 24 février 1956 … Création de l’UGTA

L’Union Générale des Travailleurs Algériens répondait à l’objectif stratégique de la Révolution de se doter d’une organisation syndicale ayant pour mission de faire participer les travailleurs à la lutte libératrice. Quelque 100 000 travailleurs y adhérèrent dès les premières années.

L’Union Générale des Travailleurs Algérien a été créée le 24 février 1956 par la direction du FLN au lendemain de la fondation de l’Union Syndicale des Travailleurs Algériens, USTA, messaliste. Parmi les membres fondateurs de l’UGTA, on relevait les noms qui sont demeurés dans la mémoire collective des algériens. Citons entre autres : Aïssat Idir, Mohamed Flissi, Ben Khedda,Benaissa Atallah, Abane Ramdane et Hassen Bourouib.

Dirigé par Aïssat Idir, son premier secrétaire général, l’UGTA qui compte dans sa direction d’anciens dirigeants de l’UGSA, de tendance communiste, ces derniers étant dans leur grande majorité des Européens.

En parallèle, décision sera prise de doter la centrale d’une publication propre à elle, L’Ouvrier algérien. Le premier numéro paraît le 7 avril 1956 et définis les axes stratégiques du programme de l’UGTA qui restent encore d’actualité : – donner à la lutte ouvrière de notre pays une orientation stratégique conforme à ses aspirations, c’est à dire une révolution dans les domaines politique, économique et social, – forger une conscience ouvrière qui rende les travailleurs aptes à lutter contre tous les exploiteurs sans distinction aucune, – bannir toute discrimination dans la défense de la classe ouvrière, – orienter la lutte des travailleurs pour arracher de meilleures conditions de vie et le plein emploi.

Calquant son attitude sur celle du FLN, l’UTGA ne voulait pas de discussions d’organisation à organisation et exigeait de l’UGSA de se dissoudre e, invitant ses adhérents à la rejoindre individuellement ; ce qui se fera en novembre 1957.

En 1956, l’UGTA réussit à se faire reconnaitre par la Comité exécutif de la CISl (Confédération internationale des syndicats libres) réuni du 2 au 9 juillet à Bruxelles, comme syndicat unique des Algériens. Cette affiliation, qui sera refusée à sa rivale messaliste, elle la doit au soutien de Irving Brown, le représentant du puissant syndicat américain AFL-CIO ainsi qu’à la position du syndicaliste tunisien Ben Salah.

Après cette reconnaissance, elle n’hésite pas à s’engager dans toutes les grèves politiques du FLN : le 5 juillet, le 20 août et le 1er novembre.

En décembre, son délégué Abdelaziz Rachid participe au Maroc à une conférence aux côtés des dirigeants de l’UGTT (Ben Salah) et de l’UMT (Mahdjoub Ben Seddik). Pendant le débat à l’ONU sur l’Algérie du 25 janvier au 4 février 1957, l’UGTA s’engage dans la grève décidée par le FLN. L’UGSA (ex-CGTA) soutien la « grève patriotique » avant que ses membres ne rejoignent à titre individuel les rangs de l’UGTA.

La répression contre les syndicalistes se faisait plus forte par l’emploi d’explosifs, causant des morts et des dégâts matériels, de nombreuses arrestations.

Le 28 janvier 1957, l’UGTA lance un mot d’ordre de grève parallèlement à celui lancé par le FLN. Le treizième numéro de L’Ouvrier algérien, dernier qui paraitra clandestinement en Algérie, explique qu’il s’agit de « plébisciter le FLN, unique porte-parole de l’ALN et guide aimé, éprouvé et lucide de la Révolution algérienne bientôt triomphante… La classe ouvrière algérienne déclenchera ce combat exaltant avec sang-froid, unité, discipline, héroïsme, confiance ».

Après que son équipe dirigeante eut été renouvelée sept fois à la suite d’arrestations, il ne restait plus à l’UGTA que d’entrer dans la clandestinité.

A la fin du mois de janvier 1957, les uns seront dans les camps et les prisons, les autres vont rejoindre l’extérieur où ils poursuivront une action plus diplomatique que syndicale. Tout comme Larbi Ben M’Hidi, le leader du FLN à Alger, le leader de l’UGTA, Aïssat Idir, sera assassiné en détention.

L’affiliation à la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), pro-occidentale, considérée comme une opération habile par certains dirigeants de l’UGTA, n’est en fait que le résultat des conditions dans lesquelles est né ce syndicat, en opposition à l’UGSA et, par delà cette centrale algérienne, à la Fédération syndicale mondiale (FSM). Toutefois, à partir de 1960, l’UGTA tendra à se dégager de l’International des syndicats libres où l’USTA voulait aussi sa place en faisant état de ses qualités anticommunistes. En fait, son rôle sur le territoire national avait pris fin avec la grève des huit jours. Désormais, tout mot d’ordre de grève ou de manifestations viendra des instances politico-militaires du FLN-ALN à l’intérieur.

Après le cessez-le-feu, l’ALN suivra de très près la réorganisation des syndicats et donnera des instructions pour que le choix des responsables se fasse sous son contrôle. L’UGTA dont l’autonomie sera très relative depuis sa création continuera à alimenter les exclusives et méfiances, tout au long de la guerre et après la guerre, devenant un enjeu dans la course – ou le maintien – au pouvoir.

Sources :

  • «Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP, 2007.
  • https://www.ugta.dz

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