Considéré comme l’un des fondateurs du courant de la pensée du tiers-mondisme, il «crée» le concept de solidarité entre peuples opprimés, qu’on retrouve dans « Masque blanc peau noire ».
Né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France, en Martinique, Frantz Fanon est le troisième d’une famille de huit enfants. Son père est fonctionnaire des douanes et sa mère tient un petit commerce. Il fait ses études secondaires au lycée Schoelcher et a comme professeur Aimé Césaire. Adolescent, il rêve de devenir avocat ou chef d’orchestre.
En 1943, la Martinique vit sous le régime de Vichy avec un gouverneur militaire, l’amiral Robert. Fanon part en dissidence pour l’île voisine de la Dominique, alors possession anglaise, et rejoint les Forces française libres. Après un séjour au Maroc et en Algérie, il débarque à Toulon avec les troupes du général de Lattre de Tassigny. Il est blessé en traversant le Rhin. Démobilisé, il rentre en Martinique, passe son baccalauréat et revient en France où il s’inscrit à la Faculté de médecine de Lyon. Fanon obtient un diplôme de médecine légale et de pathologie tropicale, se spécialise en psychiatrie et passe une licence de psychologie. En 1952, il publie son premier livre « Peau noire, masque blancs ». La même année, il épouse Josie Dublé dont il aura un fils, Olivier, en 1955.
Après avoir été interné à Saint-Alban sur Limagnole (Lozère) dans le service du docteur Tosquelles, un républicain espagnol exilé en France, Frantz Fanon se présente au concours du médicat des hôpitaux psychiatriques. Il souhaite être nommé en priorité en Martinique ou au Sénégal (Il écrira dans ce sens à Senghor). Il postule également pour l’Algérie. Son premier poste sera Pontorson, en Normandie, non loin du Mont Saint-Michel.
En décembre 1953, il arrive à Blida-Joinville. Malgré les résistances de l’administration et de la plupart de ses collègues français, il introduit dans son service des méthodes révolutionnaires. Il « libère » les malades enchaînés- au sens propre- et met un terme à leurs conditions de vie carcérales. Il crée une école d’infirmiers des hôpitaux psychiatriques. Le chanteur Abderrahmane Aziz collabore avec lui. C’est de cette époque que datent ses contacts organisés avec les militants nationalistes.
Après le déclenchement de la lutte de libération nationale, son service sert d’abri aux militants et aux djounoud. Il accueille chez lui et cache les responsables de la wilaya IV, notamment Krim Belkacem et le colonel Sadek.
En juillet 1956, Frantz Fanon écrit une lettre de démission à Robert Lacoste. Cette lettre reste sans réponse. En janvier 1957, il est expulsé d’Algérie avec sa femme et son fils âgé d’un an et demi. C’est durant la fameuse grève des huit jours. Il décide de rompre avec sa nationalité française et se définit, désormais, comme Algérien.
Il rejoint l’organisation du FLN à l’extérieur, à Tunis, où avec Abane Ramdane, il travaille au département information. Il effectue un bref séjour au Maroc où il participe à la création d’El Moudjahid. Il retournera à Oujda en 1959 pour soigner des membres des transmissions de l’ALN.
En 1958, Fanon écrit « L’An V de la révolution algérienne. Sociologie d’une révolution ». Dès 1958, il participe à des conférences panafricaines et en janvier 1960, le GPRA le nomme représentant à Accra (Ghana). Comme le sera plus tard Alger, Accra est alors la plaque tournante des mouvements de libération du continent. A cette époque, il rencontre Amilcar Cabral, Holden Robertto, Félix Moumié, Lumumba.
Il échappe durant cette période à plusieurs attentats au Maroc et en Italie. C’est à cette même époque qu’il entame l’étude du Coran.
En décembre 1960, alors qu’il est en mission à Tunis, on découvre qu’il est atteint d’une leucémie. Le GPRA l’envoie d’abord à Moscou puis à l’hôpital de Bethesda aux Etats-Unis où il meurt le 6 décembre 1961, quelques mois avant l’indépendance de l’Algérie, à l’âge de 36 ans.
De février à mai 1961, il avait écrit « Les Damnés de la terre » qui parait chez Maspero, une semaine avant sa mort.
Frantz Fanon a été enterré à la frontière algéro-tunisienne, en territoire algérien, au lieu-dit Aïn Soltan. Le 25 juin 1965, il a été réinhumé au cimetière de chouhada d’Aïn Kerma (El Tarf).
Fanon laissera derrière lui un héritage inégalable : une pensée clairvoyante et subtile qui reste étonnamment d’actualité plus de cinquante ans après sa mort. Il aura aussi brillé par ses engagements d’un point de vue national et international. Aujourd’hui, un grand boulevard de la capitale et l’hôpital où il a exercé à Blida portent son nom.
Synthèse Babzman
Sources :
- « Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP, 2007.