De son vrai nom Mohamed Safar Bati, il est né le 17 novembre 1919 à Médéa, dans une famille modeste. Il s’initie aux rudiments de la langue arabe dans une école coranique et suit quelques cours de solfège au conservatoire de la ville, chez un musicien juif. La cornemuse est le premier instrument que Bati apprend à jouer, alors qu’il est apprenti coiffeur.
En 1940, son ami et cousin Mahboub Stamboulov (ils sont les petits fils de cheikh Mahdjoub dont le mausolée se trouve à l’entrée de Médéa) l’appellera pour intégrer la première troupe de jazz d’Alger qu’il vient de créer. Mahboub Bati y sera saxophoniste. Quelque temps après, le musicien fera parler de lui dans le milieu artistique algérois
A la fin des années quarante, il joue de la clarinette dans l’orchestre moderne de la station d’Alger sous la direction de Mustapha Skandrani avec, entre autres, Maâmar Amari.
Etabli à Alger, il sera aussi luthiste, guitariste, artisan luthier. Il va jusqu’à « customiser » une guitare sèche en lui incorporant un micro, ce . qui lui conférera un son électrique. Il apprendra beaucoup sous les auspices des maîtres El Hadj M’hamed El Anka, Hadj M’rizek, Khlifa Belkacem, Mohamed et Abderrazak Fekhardji. Et dès le début des années 1950, il commence à être sollicité par les chanteurs pour la composition musicale et les paroles.
Au début des années 1960, Mahboub Bati explose en devenant l’un des précurseurs de la chanson châabi moderne. Bien qu’il ait déjà réalisé des succès en composant pour Abderrahmane Aziz (la chanson Nedjma) et d’autres chanteurs, l’histoire gardera de lui les tubes de Boudjemâa El Ankis, Amar El Achab, Guerouabi, Amar Ezzahi, Fettouma Ousliha et Seloua. L’artiste a du flair.
Chaque fois qu’il rencontre un chanteur, il sait exactement quels sujets lui écrire et quel genre de musique le mettrait en avant-scène. Plusieurs dizaines de chanteurs de variétés et de châabi lui doivent leur réussite.
Mahboub Batin fin connaisseur du solfège et de toutes les musiques du pays, insuffle un nouveau souffle au châabi qui connait, avec les chansonnettes d’El Ankis par exemple, un succès fou.
Les disques tels que « Kayef Allah », « Ah Liya », « Chawro Aliya », connaissent des ventes records. L’empire Bati s’agrandit et des centaines de chansons sont écrites et accompagnées d’une musique plus rythmée qui remplace les anciens morceaux.
Il est celui qui a fait connaître à travers le territoire national des chanteurs comme, El Hachemi Guerouabi avec la chanson « El Bareh) » Boudjemaa EL Ankiss « Rah el ghali », Amar Ezahi « Mali hadja », Amar el achab « Nesthel el kiyya », Abdelkader Chaou « Djah rabbi ya jirani » et beaucoup d’autres.
Les adeptes du nabawi avec à leur tête El Anka lui reprocheront d’être à l’origine des chansons légères au lieu et place de la qacida aimée et appréciée par ce milieu, mais Mahboub Bati fait la sourde oreille. Il demeurera l’un des plus grands mélodistes algériens de tous les temps.
Il quitte la scène artistique en 1986 après avoir fait le pèlerinage à la Mecque et meurt le 21 février 2000 à l’âge de 80 ans. Des centaines d’artistes, d’amis et de mélomanes l’accompagneront à sa dernière demeure le lendemain.
Synthèse K.T.
Sources :
« Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP, 2007
Entretien avec Abdelkader Bendaâmache, spécialiste du châabi, paru dans El Watan et reproduit dans www.vitaminedz.com