Cela s’est passé un 16 février 1879 … Naissance de Mohamed ben si Ahmed Bencherif

Il est considéré comme étant le premier romancier algérien en langue française. Selon certaines sources, il était également médecin.

Mohamed Ben si Ahmed Bencherif est né le 16 février 1879 à Djelfa, chez les Ouled si M’hamed, de la confédération des Ouled Naïls. Son grand-père Si Cherif Ben El-Ahrèche servit l’Emir Abdelkader. Très jeune, il se fait remarquer par son esprit éveillé et son intelligence vive.

Il suit les cours du lycée d’Alger et est condisciple de l’Emir Khaled à l’école militaire de Saint-Cyr (France), en 1897. Il en sort sous-lieutenant en 1899. Il sera affecté comme officier d’ordonnance du Gouverneur général Charles Jonnart. En 1905, il est lieutenant de spahis et caïd des Ouled Si M’hamed le 04 février 1907.

En 1908, il combat avec son goum au Maroc et accomplit le pèlerinage à la Mecque en 1913. En juin 1914, il est mobilisé et envoyé en France avec le grade de Lieutenant combattre les Allemands. Le 12 octobre de cette même année, cerné et capturé, il est fait prisonnier à Lille. Après 16 mois dans les geôles allemandes, il est évacué vers la Suisse où il sera interné jusqu’à sa date de rapatriement en Algérie, le 26 juillet 1918. Promu Capitaine, il reprendra sa place à la tête des Ouled Si M’hamed. Le typhus se déclarant à Djelfa, il se dévoue inlassablement auprès de ses compatriotes. Lui-même est atteint par la maladie et meurt le 22 mars 1921 à Djelfa.

Durant son internement, Bencherif décide d’écrire et choisit de livrer un discours auto ethnographique et historique sur sa communauté, d’une part, et, d’autre part, un discours idéologique sur le phénomène colonial à destination de la métropole. Selon certains récits, ces deux thèmes lui auraient été suggérés par une amie parisienne qui lui aurait envoyé une lettre lui conseillant de combler le vide des longues journées de détention en écrivant un ouvrage sur l’un ou l’autre sujet.

Il écrira d’abord « Aux villes saintes de l’Islam », un récit sur 252 pages du pèlerinage à la Mecque et à Médine que l’auteur a accompli avec son père en 1913. Le livre sera publié en 1919 chez Hachette, en France.

Puis «Ahmed ben Mostapha, goumier », un récit de fiction de 245 pages avec pour héros un officier indigène recruté pour la campagne de pacification du Maroc et engagé dans la Première Guerre Mondiale au cours de laquelle il meurt en détention dans les geôles allemandes. A travers l’histoire de ce personnage, l’œuvre développe les principaux débats de l’heure, sous les modes autobiographique, épistolaire et poétique. Bien que daté historiquement, notamment lorsqu’il aborde les problèmes liés au phénomène colonial, le roman de Ben Chérif est, en revanche, vite rattrapé par l’actualité lorsqu’il évoque la nécessaire mutation de la communauté musulmane pétrifiée par l’adoration du passé et les antiennes anachroniques qui la coupe de l’Universel et de son temps. L’aïeul du héros viendra lui-même le dire, en songe, à son petit-fils : Le monde a évolué sans nous ! Ouvre les yeux mon fils ! et regarde ! ».

Dans la préface de «Ahmed ben Mostapha, goumier », l’auteur précise : « j’ai écrit ce livre pour tous ceux qui verront, dans le pur cristal de cette âme intrépide, le reflet de leur âme cachée. J’ai écrit pour exalter la gloire d’une nation qui a su réveiller les élans chevaleresques d’un peuple jadis endormi. J’ai écrit surtout pour chanter la gloire de mes frères, tombés sur les champs de bataille, parmi de rudes soldats, et aussi, hélas ! pour pleurer la mémoire de ceux qui, loin de leur soleil, loin du cliquetis des armes qui embellit la mort, se sont éteints lentement dans les sombres geôles d’Allemagne, et sur lesquels pèsera toujours, lourde, la terre ennemie. »

«Ahmed ben Mostapha, goumier » qui sera publié en 1920 aux Editions Payot (France), est ainsi considéré comme étant le premier roman « indigène » d’expression française. Il se distingue également de la production de son époque par la qualité de son écriture.

Malheureusement, il est difficile de retracer son parcours avec détails et regrettable que wikipedia soit la source la plus féconde à son propos.

Zineb Merzouk.

Sources :

  • djelfa.org
  • khouasweb.123.fr

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