Lors d’une cérémonie organisée, le jeudi 12 décembre 1964, au Palais du peuple, le premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Benbella, remet à Josie Fanon le Prix national des Lettres algériennes, décerné pour la première fois en Algérie, à titre posthume à Frantz Fanon pour l’ensemble de son œuvre et sa position révolutionnaire à l’égard du Tiers-Monde.
Frantz Fanon est né en juillet 1925 à Fort-de-France et décédé le 6 décembre 1961 à Bethesda aux États-Unis. Psychiatre et essayiste martiniquais, il s’est beaucoup appliqué dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, son pays d’adoption où il a été enterré tel qu’il le souhaitait. Il a par ailleurs livré une réflexion novatrice sur les questions de la conscience noire et de la colonisation.
Considéré comme l’un des fondateurs du courant de la pensée du tiers-mondisme, il « crée » le concept de solidarité entre peuples opprimés, qu’on retrouve dans « Masque blanc peau noire ».
Par ailleurs, il analyse les conséquences psychologiques qui découlent de la colonisation, à la fois sur le colon et sur le colonisé, comme l’a fait auparavant l’un de ses professeurs, Aimé Césaire, qui écrivait : « La colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfuis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral. »
Frantz Fanon va plus loin, en se penchant, entre autre, sur le processus de décolonisation des points de vue sociologique, psychiatrique et même philosophique.
Sa vie a été très brève, 36 ans. Il n’a pas eu le temps de vivre l’indépendance de l’Algérie qui lui était si chère. Il laissera à la postérité sa lettre de démission de son poste de médecin chef à l’hôpital psychiatrique de Blida- Joinvile, qui portera son nom quelques années plus tard. Dans cette lettre écrite au Ministre Résident, il dénonce l’absurde : « …vouloir coûte que coûte faire exister quelques valeurs alors que le non-droit, l’inégalité, le meurtre multi-quotidien de l’homme était érigés en principes législatifs. » Et décrit le déclenchement de la guerre de libération ainsi : « Les événements d’Algérie sont la conséquence logique d’une tentative avortée de décérébraliser un peuple. »
Fanon laissera derrière lui un héritage inégalable : une pensée clairvoyante et subtile qui reste étonnamment d’actualité plus de cinquante ans après sa mort. Il aura aussi brillé par ses engagements d’un point de vue national et international. Aujourd’hui, un grand boulevard de la capitale et l’hôpital où il a exercé à Blida portent son nom.
Son essai le plus connu, Les Damnés de la terre, a inspiré le film « Concerning Violence », de Göran Hugo Olsson, sorti en France le mois dernier.
Z.M.
Sources :
- https://www.algerie-dz.com
- https://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com
- Frantz Fanon : « Pour la révolution Africaine ». Edition Maspéro – 1964