Un documentaire relance le débat aux journées cinématographiques d’Alger
Houari Boumediène, président de l’Algérie de 1965 à 1978, a souffert des mêmes symptômes que Yasser Arafat avant sa mort.
Le colonel Houari Boumediène, arrivé au pouvoir en Algérie en 1965 après un coup d’Etat militaire contre Ahmed Ben Bella, n’est pas décédé de mort naturelle. Il aurait été empoisonné. C’est la thèse défendue par le documentaire Boumediène, un révolutionnaire qui construit un Etat, de Fethi Jouadi, projeté lundi soir à la salle El Mougar à Alger, à la faveur des 5es Journées cinématographiques d’Alger (JCA).
«La manière avec laquelle son corps a changé au moment où il était déjà tombé dans le coma prouvait qu’il y avait quelque chose d’anormal. Et si l’on voit ce qui est arrivé à Arafat plus tard, on peut sérieusement croire à un empoisonnement de Houari Boumediène», a déclaré Ahmed Taleb Ibrahimi. Le documentaire cite un rapport secret de la CIA sur l’état de santé de Boumediène, où il était mentionné que le chef de l’Etat algérien avait souffert de coagulation du sang et d’une perturbation non ordinaire de son métabolisme. «L’état de santé de Boumediène s’était détérioré au moment-même où il était en soins intensifs».
Ce rapport ressemble beaucoup à celui établi après l’hospitalisation de Yasser Arafat en France. Le médecin a confié «qu’il était difficile de maîtriser l’état de santé de Arafat lors de son traitement à l’hôpital», est-il relevé dans le film. Boumediène a-t-il été empoisonné au polonium, comme ce fut le cas pour Arafat (le chef de l’Autorité palestinienne est décédée le 11 novembre 2004 à Paris) ? La thèse de l’empoisonnement de Yasser Arafat a été évoquée dans un documentaire de la chaîne Al Jazeera, dans lequel des analyses biologiques de l’Institut de radiophysique de Lausanne (Suisse) révélaient que les effets personnels de Arafat portaient «une quantité anormale de polonium».
Le polonium est une substance hautement radioactive. Il suffit, selon les spécialistes, de 1 à 2 microgrammes de ce produit toxique pour provoquer le décès d’un être humain ou d’un animal en une courte période. La toxicité du polonium est dix fois supérieure à celle du cyanure de potassium, un poison déjà connu pour ses capacités ravageuses sur l’organisme humain. Dans le même documentaire, Ahmed Taleb Ibrahimi a confié que Boumediène l’a appelé, lui et Abdelaziz Bouteflika, à la présidence de la République pour annoncer sa maladie.
«Bouteflika et moi, nous ne savions pas pourquoi Boumediène nous avait appelés dans son bureau. Nous l’avons trouvé dans un mauvais état. Il nous a montré des analyses établies par un médecin français, diagnostiquant un cancer de la vessie. Boumediène ne voulait pas se soigner en France. Il m’a chargé d’aller à Moscou pour préparer son hospitalisation en Union soviétique.
Après un séjour à Moscou, les médecins russes ont découvert qu’il n’y avait aucune trace de cancer de la vessie. Boumediène se portait mieux. Il chantait même. Les soins se sont poursuivis et je crois qu’on lui a administré du cortisone puisque son corps était enflé», a expliqué Ahmed Taleb Ibrahimi. Mais pourquoi l’état de santé de Boumediène, qui avait souffert d’un malaise lors d’un congrès à Damas, s’était-il rapidement détérioré après son retour en Algérie ? Boumediène était tombé dans un état comateux qui avait duré un mois, avant de décéder le 27 décembre 1978.
En Algérie, aucun travail ni aucune recherche n’a été menée à ce jour pour savoir si Houari Boumediène avait été assassiné par empoisonnement ou pas. Une autre faillite des historiens et des universitaires algériens ! «J’ai entendu parler, dans certains cercles officiels algériens, de l’assassinat de Boumediène», a soutenu l’universitaire Mohamed Lakhdar Maougal dans le même documentaire. Mohamed Boudiaf aurait été informé de «l’assassinat» de Houari Boumediène dans des circonstances qui restent peu connues.
Le documentaire revient également longuement sur l’épisode du colonel Mohamed Chaâbani (qui était chef de la Wilaya VI historique), «jugé» et condamné à mort par le colonel Boumediène. Chaâbani, selon plusieurs intervenants dans le film, dont Lakhdar Bouregraâ, a été voué aux gémonies et «éliminé» par Boumediène pour avoir critiqué et dénoncé «la mainmise» des officiers déserteurs de l’armée français (DAF) sur l’armée algérienne après l’indépendance du pays en 1962.
Dans ses mémoires, Tahar Zbiri a rappelé que Chaâbani ne voulait pas que les DAF contrôlent les structures sensibles de l’armée algérienne. Boumediène, un révolutionnaire qui construit un Etat, de Fethi Jouadi, a été co-produit par l’Algérie, la Tunisie, le Qatar et la Grande-Bretagne. Il a été diffusé par la chaîne Al Jazeera Al Wathaïkia le 31 octobre dernier.
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Empoisonné part bouteflika ce racaille FLN