Aux thermes de Tiklat en Kabylie

Et si nous allions à Tiklat, localité située à trois kilomètres de la ville d’El Kseur, dans l’actuelle wilaya de Béjaïa ! Nous y (re)découvrirons les vestiges de grands thermes romains qui nécessitent effectivement une préservation.  

 

Dans la ville antique de Tiklat – nom romain : Tubusuptu –, l’importance des thermes romains réside tant dans la superficie que dans la hauteur (jusqu’à 15m au-dessus du sol actuel, selon le chercheur Jean-Pierre  Laporte). Aussi, le système d’adduction d’eau de cette cité romaine est-il considéré comme une œuvre remarquable. En dépit de leur abandon et de la nature qui a repris ses droits, ces vestiges de bains romains demeurent visibles. Construits sans pierre de taille, le long d’un petit bras de la rivière Soummam, ils constituent un ensemble de 55m de large, en façade, sur au moins autant de profondeur. Ils comprennent 25 salles dont la plupart sont sous la forme voutée. L’une d’elles est celle de la piscine froide (près de 11,5m sur 07m), ouverte sur le frigidarium* (19, 30m de longueur sur 11m de large) par deux larges baies. D’autres salles servent pour la chauffe et le service, séparées d’un mur rectiligne du secteur froid.  

 

A El Arouia 

La conception même de l’architecture de ces bains ne diffère pas de celles de Timgad (région des Aurès en Algérie) ou de Dougga (Tunis). Tout porte à croire que les Romains construisent de la même manière, dans toute contrée occupée, et ce, quelles que soient les conditions climatiques. Quant aux citernes d’eau, un espace leur est réservé à l’extérieur des bains. Elles sont situées à El Arouia, au dessus de la ville même de Tiklat. Elles surplombent la route nationale 26 à la sortie d’El Kseur, à partir de Béjaïa. Au nombre de trois, au moins, ces citernes sont « accolées, voûtées en berceau, s’appuient d’un côté au mur extérieur de la salle 6, et de l’autre vont s’enfoncer de quelques mètres dans le roc de l’escarpement qui domine les thermes », d’après la description livrée par J-P. Laporte. Les eaux sont cependant acheminées par des aqueducs.  

 

Dans la Soummam 

Ils sont érigés de part et d’autre de la Soummam. L’un (7 km) est entamé au lieu Tala Itchouren (la grande source). L’eau y est recueillie grâce à diverses sources coulant à l’ouest de Tiklat sur les versants montagneux de Timri-Inourer, Iouchfan, El Kebour et Hamma. La conduite aboutit, enfin, dans les grandes citernes d’El Arouia. Sous forme de rectangle (76m sur 38m), divisé en quinze compartiments (35,5m de longueur et 4,10m à 4,20m de large), ces réservoirs occupent une surface  de 3200m². Leur capacité de remplissage est estimée entre 11.000 et 15.000 m3. L’autre aqueduc (11 km de long) commence à Aïn Arbala, il suit un contrefort entre Bou Soumeur à l’ouest et l’oued Amacin à l’est. Ces œuvres dénotent l’importance de l’alimentation en eau, mais aussi de la ville antique Tubusuptu. Sa fondation date de 27 avant J.- C. Elle se trouve à plus d’une vingtaine de km de l’actuelle Béjaïa. Elle se dresse dans une plaine, limitée au nord-ouest par l’extrémité du Djurdjura, au sud-est par l’extrémité des montagnes des Fenaia. Elle semble être ainsi un important axe routier, un relais entre le littoral et l’intérieur du pays. Une halte intéressante pour le voyageur, une station pour l’athlète et pour tout citoyen qui veut se détendre.   
 

frigidarium* la partie où les bains sont pris, froids, afin de vivifier le corps et l’esprit.  

 

Mohamed Redouane 

 

Bibliographie:

  1. Tiklat : Les grands thermes de Tubusuptu par Jean-Pierre Laporte, Paris 1980. Dans Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1988.   
  2. L’antique Tubusuptu (Tiklat) et la médiévale Temzizdekt du Groupe d’études sur l’histoire des mathématiques à Bougie médiévale (GEHIMAB), 2009.  
  3. Illustration 1: Photo @Mohandou 
  4. Illustration 2: https://fr.wikipedia.org/ wiki/El_Kseur#/ media/ File:Ruines_romaine_de_Tubusuptu, _ Tiklat, _El_Kseur.jpg

 

 

 

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