Personnalité historique en Kabylie et à Alger, Sid Ahmed Ben El Kadi a combattu les Espagnols et résisté aux Ottomans, lui le fondateur du royaume de Koukou au début du XVIe siècle.
L’action du souverain Sid Ahmed Ben El Kadi, entre la Kabylie et Alger, fait de ce dernier une figure légendaire. Dès lors qu’il a organisé, à Béjaïa, la résistance face à l’invasion espagnole, en 1510, il gagne une légitimité. Il se retrouve ainsi, en 1514, à la tête du royaume Koukou. Un village du clan (aârch en parler kabyle) des Ath Yahia, accroché à flanc de montagne sur un promontoire culminant à 940m d’altitude, près de Aïn El Hammam (l’actuelle daïra) en Kabylie.
Sa notoriété, il la doit aussi à son appartenance à la famille El Kadi – ou At El Kadi en tamazight – de chefs religieux. Elle s’est installée au lieu dit vers la fin du XIVe siècle, a lancé une zaouia – centre d’enseignement à caractère religieux et spirituel – et a élargi progressivement son influence dans la région. Fils du marabout Ammar Ben El Kadi, Sid Ahmed a exercé avant tout la fonction de Cadi au service des Hafsides à la cour de Béjaïa. Il sera également nommé « gouverneur » du territoire qui s’étend de Jijel jusqu’à l’oued Sébaou en Kabylie. Non loin de son lieu d’activités et de son siège, la ville d’Alger est confrontée aux assauts réguliers des Espagnols, dès 1510 (voir l’histoire du Pégnon d’Alger). Les frères turcs de l’empire ottoman Aroudj et Kheir-eddine viennent à la rescousse pour la défendre. Sid Ahmed Ben El Kadi deviendra leur allié.
L’opposant
A la tête d’une nouvelle armée, il prête main forte à Kheir-eddine à Alger où le Pégnon, la forteresse espagnole sera prise, en 1529. Toujours est-il que le souverain de Koukou s’est retourné contre ce libérateur turc qui veut lui imposer sa tutelle. Il repoussera, en 1520, les incursions des troupes de son ex-allié dans la vallée du Sébaou. Il occupera Alger jusqu’en 1524. Sa dynastie va régner plus de deux siècles durant sur un territoire allant de Jijel aux portes d’Alger. Son fils Amar lui succède, assurant l’exercice de la souveraineté du royaume Koukou jusqu’en 1618. Puis, son petit fils, Ahmed Atounsi le surnommé Boukhetouche (l’homme au javelot), prend le trône après avoir écarté son oncle Mohamed. L’indépendance du royaume des At El Kadi perdure jusqu’à 1730, date à laquelle les Ottomans commencent à prendre le contrôle de la Kabylie.
Au jour d’aujourd’hui, Sid Ahmed Ben El Kadi, le fondateur de Koukou et sultan d’Alger où son quartier général s’est établi dans le massif de Baïnem (sur une colline appelée communément djebel Koukou), passe, certes, pour une légende, mais son parcours demeure méconnu.
Mohamed Redouane
Bibliographie:
- Une mission médicale en Kabylie par le docteur L. L. Eclerc (chez J.- B. Baillière, Paris 1864)
- Recueil des notices et mémoires de la société archéologique de la province de Constantine (éditeur Bastide, Alger 1870).
- Le royaume de Koukou (1514 – 1730)/Une histoire occultée (Koukou Editions).
- Illustration 1: https://fr.wikipedia.org/wiki/Koukou#/media/File:Koukou_si_Tefrawt.JPG
- Illustration 2: https://maghreb2000.chez.com/text1.htm
3 Comment
je m’appelle Sidahmed Belkadi
1-« …Sa dynastie va régner plus de deux siècles durant sur un territoire allant de Jijel aux portes d’Alger… »: il faut nous dire d’ou vous tenez cette affirmation.2- Dans le livre de Joseph Nil Robin « La grande Kabylie sous le régime turc », éditions Bouchene, on peut lire: « Désignés pompeusement dans l »historiographie sous le nom ‘rois de Koukou’, les chefs de cette principauté sont même gratifiés du titre de sultan…Compte tenu de l’organisation tribale de la région, attestée avant et après eux par divers chroniqueurs, le fait de qualifier leur fief de royaume nous parait pour le moins manquer de mesure….Leur camp de retranchement fortifié se situait a Koukou; a la lisiere de la tribu des Ait Khellili….Durant tout le 16eme siècle, les Bel Qadhi jouèrent un rôle politique régional important en s’alliant avec les espagnols contre les turcs ou avec les turcs contre les espagnols…apres maints revers de fortune, la lignee regnante des Bel Qadhi , qui n’avait cesse de perdre de son pouvoir dans la vallee, fut alors supplantee par une lignee collaterale, les Oulad Boukhettouch. Ces dernies, qui eclipserent definitivement l’autre lignee des Bel Qadhi, ne cesserent alors d’etre tirailles par des luttes intestines… »
Après la victoire contre les espagnols qui avaient débarqué à Alger en 1518 et qui permit de venger la mort de Aroudj tué à Rio Salado près de Ain Temouchent, par les espagnols et dont la tète fut exposée au centre de Madrid Ben Elkadi et Khair-Eddine refusèrent de négocier la remise de 2000 )prisonniers espagnols et les décapitèrent sur la plage de Bab El Oued face aux navires espagnols venus négocier leur libération.
Pour poursuivre les luttes de résistance contre l’empire de Charles Quint ,Benelkadi et Khair-Eddine Barberousse se rendirent à Istanbul où ils furent reçus le 5 décembre 1519 par le Sultan Selim premier à qui ils remirent une lettre signée au nom des notables d’Alger par Benelkadi, lettre reconnaissant comme Khalifa de l’Islam le Sultan de l’empire Ottoman et demandant la, protection et l’alliance militaires de l’empire ottoman contre la Reconquista chrétienne.