« Si hier, avec courage et talent, nos aînés se sont levés pour dénoncer l’oppression coloniale, leurs épigones ne doivent pas se tromper d’époque »
Rachid Mimouni, célèbre écrivain algérien, auteur de « L’honneur de la tribu », est né le 20 novembre 1945 à Boudouaou (alma), à 30 kilomètres à l’est d’Alger, et décède le 12 février 1995 à Paris.
Issu d’une famille modeste, Rachid Mimouni poursuit des études supérieurs et obtient une licence de sciences à l’université d’Alger en 1968, puis il intègre l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Montréal au Canada où il termine sa post-graduation avant de revenir enseigner dans le même établissement à partir de 1976. Il enseigne également, à partir des années 90, à l’Ecole Supérieur du Commerce.
Membre du Conseil National de la Culture, Président de la Fondation Kateb Yacine, Président de l’Avance sur recettes, il a également occupé le poste de vice-président d’Amnesty International. Auteur réaliste, lauréats de plusieurs prix littéraires, il décrit la société Algérienne avec précision, et ses œuvres avait l’art « de nous sortir de notre confort, de nous entraîner dans des sentiers non battus et, bien sûr, de nous donner le plaisir, même grinçant, même brutal, de lire, de le lire. »
En 1992, l’Algérie est en proie à une guerre civile, une condamnation à mort au nom de l’auteur était placardée dans la mosquée à quelques centaines de mètres à peine de chez lui. Malgré l’insistance de son entourage, il se refuse à changer de domicile. Il gardera les mêmes habitudes. Même lorsque son ami écrivain Tahar Djaout tombe à son tour sous les balles des intégristes, et à qui il dédiera son dernier livre, « La Malédiction », en ses termes : « A la mémoire de mon ami, l’écrivain Tahar Djaout, assassiné par un marchand de bonbons sur l’ordre d’un ancien tôlier » ; Rachid reste imperturbable face au danger et poursuit son travail. Pourtant, la menace était réelle et imminente, le danger guettait maintenant ses enfants, et la mort de son père, un fier paysan à qui il était attaché plus que tout, finit par décider l’écrivain de quitter une patrie à feu et à sang un 27 décembre 1993… Il n’y reviendra que pour y être enterré aux côtés de son père.
Courageux, fier et souvent seul face à l’adversité, Rachid Mimouni ose ! Il ne craint de déplaire et critique souvent un régime « arrogant et ne reculant devant rien pour faire taire les opposants ». Il mourra le 12 février 1995 de maladie, loin d’une patrie qu’il na jamais eu peur de défendre. Un ami de l’auteur l’exprimera ainsi dans la presse « Il est mort de cette façon, en fugitif, dont meurent aujourd’hui quelques-uns des meilleurs Algériens… ».
Mira B.G
Source :
- www.lakabylie.com
- www.arabesques-editions.com