Transformation d’Alger par la colonisation… vers l’an 1900.

Si la vie sociale et l’histoire urbaine d’Alger nous sont encore mal connues, l’évolution de la ville, son tissu urbain, son architecture et son organisation, peuvent servir de support à un projet de sauvegarde, au vu de l’état déplorable dans lequel se trouvent beaucoup d’anciens immeubles, espaces publiques et maisons ottomanes.

La loi sur les Plans d’aménagement, d’embellissement et d’extension est rendue applicable à l’Algérie par le décret du 05 janvier 1922. Alger fut dotée de son plan en 1931; elle fut ainsi l’une des premières villes de l’Empire français a en avoir. Il faut savoir, à ce sujet, que les colonies françaises, surtout le Maroc (avec le Maréchal Lyautey), le Moyen-Orient et à un degré beaucoup moindre l’Algérie, ont constitué des laboratoires pour les méthodes innovantes de l’urbanisme de plan.
Les nouvelles méthodes, bien qu’elles ne rompent pas radicalement avec l’art urbain et l’urbanisme d’alignement, notamment sa dimension esthétique et son intérêt pour la composition urbaine et l’embellissement, intègrent un certain nombre de concepts et d’outils nouveaux, comme l’analyse urbaine, le programme, le zonage, les systèmes de transport et de circulation. Ceci dit, la brièveté de l’expérience (entre-deux-guerres), son attitude modérée vis-à-vis des formes historiques de la ville et l’application boiteuse des plans d’aménagement, d’embellissement et d’extension, n’ont pas laissé de grandes traces sur la ville algérienne de l’époque et son caractère haussmannien.

Lorsque le pouvoir colonial français a mis la main sur Alger, l’arrêt de l’évolution propre de la ville musulmane fut marqué d’une manière brusque que ce soit sur le plan culturel ou sur le plan architectural, Alger rentrera dès alors dans une nouvelle ère. Pour cause, les investisseurs opteront pour de nouvelles extensions. De là, le territoire de la ville sera découpé en trois arrondissements :

Premier arrondissement : y sera attribué le quartier de la Marine (17,4 ha) dit aussi de l’ancienne Préfecture. Dans ce quartier au tissu ancien avec quelques voies élargies et bordées de hauts immeubles européens, une forte proportion de maisons anciennes subsistaient. Sa population fut européenne jusqu’au début du siècle dernier, puis remplacée petit à petit par des ruraux demandeurs d’emploi.

Second arrondissement : dit de «La Casbah», y sera attribué le «Djebel» soit la ville haute. D’un tissu urbain et d’une architecture peu modifiés, ce quartier a été progressivement réapproprié par la population musulmane qui s’y replie jusqu’à l’indépendance.

Troisième arrondissement :le reste de la Médina, zone commerciale par excellence, malgré les grandes percées de la rue de la Marine, Bab-Azzoun, de Chartres, de la Lyre, Randon, de la place de Chartres et du Gouvernement, cette zone garde beaucoup de son parcellaire et de ses structures porteuses d’origine. Les Israélites s’y maintiendront, les Européens étant depuis 1900 progressivement remplacés par des ruraux.

En 1926, ces trois arrondissements seront les plus surpeuplés d’Alger. Les plus grands investissements porteront uniquement sur les constructions d’écoles, habitations bon marché… C’est avec le «plan d’embellissement de la ville d’Alger» commencé vers 1926-30, que la ville ancienne connaîtra ses derniers rebondissements. Ce dont nous héritons aujourd’hui.

Les nombreuses mutations furent marquées, d’abord par une perte progressive de l’intérêt pour la qualité esthétique des espaces urbains et pour les détails de leur aménagement, au profit des techniques d’aménagement territorial et la planification urbaine. Dans un second temps, selon les procédés et la conjoncture économique difficile, faisant suite aux années de croissance, enclenchent un retour à des démarches soucieuses de la dimension spatiale, de la rationalité de l’occupation des sols, des compositions des détails, dans le but d’embellir l’environnement urbain qui, depuis quelques décennies, devient une conception démodée!

Alger est aujourd’hui, dans la plupart des quartier un ensemble d’immeubles en agonie. Si pour certains ces immeubles sont un riche patrimoine national, pour la plupart, ceux ne sont que des lieux d’habitations dans lesquels on espère une éventuelle donation de l’état pour aménager dans du neuf!

Mounira Amine-Seka.

Sources :

Presse Nationale.

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