Traditions féminines, pour assurer abondance, fécondité et prospérité dans le couple

Pour qu’une jeune mariée ne tarde pas à devenir enceinte, les premières précautions sont prises dès les fiançailles.

Le soir des fiançailles, et la veille du mariage, on applique le henné aux deux futurs conjoints, chacun dans sa famille. On introduit dans le plat du henné, quatre noix et quatre ou six œufs (toujours en nombre pair). La fiancée met de côté les œufs et les noix, du henné de la veille du mariage et les sert à son mari, le soir de l’hymen.

Pour éviter les sortilèges des femmes méchantes, les reste du henné sont enterrés au pied d’un grenadier ou, à défaut, jetés à l’eau. pendant ces deux cérémonies, on place un petit garçon sur les genoux de la jeune femme, pour que ses premiers nés soient des garçons. Le henné est appliqué tout d’abord à l’enfant, sinon il risquerait de ne pouvoir jamais se marier, et d’être poursuivi par le mauvais sort.

Dans les deux circonstances citées (fiançailles et veille de mariage), le fiancé et la fiancée s’assoient sur des féveroles, plantes qui donnent beaucoup de fleurs, et dont les gousses renferment plusieurs graines.

Dès l’arrivée de la mariée chez les beaux-parents, on installe une assiette de blé et de féveroles, répandus sur la natte ou le tapis qui lui sert de siège pendant quatre jours. Elle est alors installée derrière un rideau qui la dissimule de tous les regards : sa belle-mère, ou sa belle-sœur ont seules, l’accès auprès d’elle. Un petit garçon vient de nouveau, se mettre un moment sur ses genoux.

Le lendemain du quatrième jour, avant de procéder à sa toilette, un jeune frère, ou un proche parent de son mari lui ceint la ceinture, d’un fil épais de laine. Puis, elle se rend en compagnie d’autres femmes, à la fontaine ou à la source du village. Pour l’occasion, elle a le visage couvert d’un grand mouchoir de soie qui la soustrait à tous les regards. Elle tient une cruche qu’elle rempli pour rapporter en même temps que cette eau, la baraka à la maison. Elle prend aussi une assiette e farine de blé légèrement salée et délayée dans de l’huile; elle la distribue à un nombre pair d’enfants, qu’elle a fait boire dans ses mains à la source; toujours dans le but de devenir une mère féconde. De retour à la maison, on la peigne et le même garçon qui lui a ceint la taille, lui coupe une mèche de cheveux sur le front, puis lui remet une petite somme d’argent.

La belle-mère ramasse les féveroles et le blé sur lesquels sa bru était assise, elle les fait cuire ans l’eau, puis les verse dans une passoire pour les faire égoutter; elle saupoudre de sel et les distribue aux assistantes et aux plus proches voisines. Ces dernières, rapportent ou renvoient un peu de farine ou d’orge dans les assiettes qui ont servi à cette distribution. la mariée en fait du couscous à gros grains que la famille doit manger. Les kabyles attribuent à cette cérémonie, une grande importance, pour la multiplication des biens et de la prospérité.

Dans la nuit de ce quatrième jour, alors que le mariage est consommé, le mari se retire, et les parents aux aguets, envahissent la chambre nuptiale. Elles poussent des yous-yous, et des coups de feu éclatent. Vite, elles préparent à l’épousée un gâteau fait avec des œufs battus, de la farine et du sel, et cuit dans de l’huile bouillante. La mariée doit manger ce gâteau tout chaud, en buvant une tasse de café dans son lit, comme les femmes en couches. Elle est déjà traitée comme une maman.

Le lendemain, la chemise maculée de sang est rincée au pied d’un grenadier, d’un olivier, ou d’une ronce. La floraison de ces trois plantes étaient abondante, on pense assurer ainsi aux époux, une nombreuse descendance; d’autres part, on éloigne le malheur qui reste auprès de ce sang lavé.

 

Mira B.G

  1. D’après les coutumes kabyles du cap-Aokas, de Rahmani Slimane, 1935
  2. Illustration : La Fileuse, de Marie Caire Tonoir 1860.

 

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