L’aid el fitr marque la fin du jeûne du mois du ramadan. Les amis et les familles se rendent visite, échangent des assiettes de gâteaux. Pour les adultes, le sucre prend le dessus, parce que comme on le dit bien chez nous, l’aid el fitr est la fête des gâteaux traditionnels, comme l’aid el adha est la fête du mouton. Chaque région du pays a ses propres gâteaux et chaque famille a sa propre sélection d’année en année. Les tables sont donc garnies de couleurs et de formes différentes, d’autant que l’innovation en la matière ne cesse d’évoluer.
Mais les enfants ne sont, généralement, pas très fans de ces gâteaux, bien que très sucrés et parfumés. Et puis, comme on souhaite garder les assiettes pleines pour les éventuels invités qui vont défiler au moins deux jours, on préfère détourner le regard des petits vers d’autres préparations ! Il subsiste encore dans certaines familles une ancienne tradition dans ce sens et strictement réservée aux enfants. Il s’agit de petits pains maison décorés. Selon les régions, on les nomme « h’niwnet » ou « hanounet », une sorte de qualificatif pour dire qu’ils sont tout mignons !
C’est que ces petits pains, dont la recette est tout ce qu’il y de plus classique, prennent toutes les formes possibles et imaginables : poisson, oiseau, panier, tresse… Les maitresses de maison laissent libre cours à leur imagination, surtout qu’il faut en faire plusieurs et tous différents. Une fois la forme travaillée, on pose un œuf, généralement décoré au colorant alimentaire, au centre du pain, qu’on maintient en croisant deux bouts de pâte. Une fois le chef-d’œuvre terminé, on l’enfourne. Avant, les petits pains étaient envoyés au « ferrane » (le four du boulanger) pour une cuisson parfaite.
Dans les familles, chaque bambin aura son pain. Evidemment, il le fera durer le plus longtemps possible parce qu’il souhaite le montrer aux autres enfants. D’ailleurs, des concours sont organisés pour élire le plus beau petit pain dans les quartiers !
Ces petits pains dont on ignore l’origine, mais qu’on peut supposer très ancienne et même variable selon les régions, avaient une importance capitale durant la colonisation. Les familles étaient souvent très pauvres et les enfants rarement habillés de neuf pour l’aid. Ces pains décorés devenaient une source de bonheur pour les petits et pour leurs parents.
Z.M.
3 Comment
Merci d’avoir réveillé en moi de doux souvenirs d’enfance,de ma mère et ma grand-mère les confectionnant…
Merci aussi pour cette « piqûre » de rappel de nos us et coutumes,qui tendent à disparaitre hélas par « l’orientalisation »,ou l’occidentalisation de notre société !
Dans ma famille on continue à faire ce pain pour l’aid , que l’on appelle hanaïnes
Merci pour ces moments de plaisir.
Cela rappelle aussi les gâteaux de pâque: une sorte de « Mona » avec un œuf au milieu que ma mère faisait (influence des familles « espagnoles » qui vivaient à coté des familles arabes dans les petits villages: hassi el ghella, el mallah, …etc.).
Bon courage.