Hors les pommades et les onguents, l’industrie artisanale produit aussi des pâtes odorantes que leur composition permet de présenter sous forme de corps concrets, aptes à être modelés, et, après séchage, taillés et ciselés. Ce sont les pâtes d’ambre.
Leur constituant essentiel est le bois d’agalloche, le qmari. A cent grammes le qmari, pilé au mortier de cuivre et tamisé au tamis le plus fin, on mêle un gramme d’ambre gris, dilué dans l’eau de roses. II est courant d’ajouter aussi un ou plusieurs fragments pulvérisés de pâte d’ambre usagée, aux proportions de 3 ou 4 % en poids, que l’on appelle khmira (levain) dans une intention qui semble plus magique que technique, ce levain apportant à la pâte nouvelle moins le parfum que les qualités bénéfiques des choses anciennes longtemps caressées.
Le mélange est pétri au mortier de façon à obtenir une pâte homogène qui doit reposer une semaine pour permettre au bois d’absorber l’eau de roses. Cette pâte est reprise, mêlée à nouveau d’eau de roses, pétrie encore, et cette opération est répétée plusieurs fois. On ajoute à la fin 3 % de gomme adragante ou de tout autre agglutinant. Cette préparation demande quarante jours.
La pâte obtenue dans sa meilleure qualité plastique est modelée et reçoit la forme désirée, puis laissée à l’ombre pour sécher. Lorsque l’objet a acquis la solidité indispensable, il est repris et terminé au tour, à la râpe, au burin.
La pâte d’ambre a plusieurs usages. Elle semble avoir été employée autrefois en premier lieu pour la confection des colliers, des sikhabs, ou skhabs. Le mot est de tradition islamique.
A Touggourt, le mot skhab désigne particulièrement les baudriers portés par les femmes, d’une épaule à la hanche opposée, et composés d’une série de peltes en pâte d’ambre, de la forme d’un croissant à trois pointes, qui était celle des boucliers thraces, et des boucliers que l’imagerie antique prêtait aux Amazones. Ils étaient appelés » pelta » par les Grecs comme par les Latins. Lorsqu’on recherche de vieilles pâtes d’ambre ce sont surtout ces peltes que le commerce peut offrir. Il semble que les baudriers odorants tombent peu à peu en désuétude parmi les Touggourtiennes.
Les peltes qui sont souvent représentées en série dans les encadrements des mosaïques antiques. II semble que ces formes doivent être placées au rang des symboles prophylactiques dont les mosaïstes de l’antiquité ont été prodigues.
La pâte d’ambre est souvent requise pour la confection de chapelets odorants qui prennent à l’usage un poli velouté : au charme des effluves qui montent des grains par la caresse et la chaleur des doigts, se mêle une sorte de délectation tactile.
La même pâte d’ambre, enfin, est employée au modelage de boîtes, offrant généralement une forme de bulbe côtelé, destinées à ranger les bijoux.
On trouve aussi sur le marché quelques objets de fantaisie modelés dans la même matière. Lorsque toutes ces fabrications sont achevées dans leur forme, elles sont encore mates. Les ouvriers leur donnent un semblant de poli en les frottant d’huile de ben à laquelle ils ajoutent quelquefois des traces de civette. Celle-ci, sauf rares exceptions, n’est pas incorporée à la pâte.
Z.M
Source :
- etudiants.touggourt.org