Tout juste sortis de « Bab El Oued City », un film qui témoigne sur la montée de l’islamisme dans l’Algérie d’après les émeutes d’octobre 1988 et du début des années 1990, Merzak Allouache donne au public à voir la comédie « Salut Cousin ! » qui oppose deux réalités aussi dures l’une que l’autre.
L’histoire du film, en résumé, est celle de Alilou, envoyé par son patron d’Alger à Paris pour récupérer une valise pleine de marchandise à revendre. C’est le début du « tbezniss » chez nous ! Il est accueilli par son cousin Mokrane, dit Mok, un beur qui semble mener la belle vie dans la belle capitale française.
Alilou, superbement incarné par Gad El Maleh, naïf et même maladroit, t vient d’une Algérie en plein chaos et découvre la France pour la première fois. Et Mok, incarné par Messaoud Hattou, un mythomane, est un chanteur raté qui transpose les Fables de La Fontaine sur de la musique rap. Il additionne les dettes de jeu et les petites combines.
Alilo est fasciné par Paris, son faste et ses lumières, par cette liberté d’agir, de vivre et d’aimer. Pourtant, la vie est loin d’être facile dans cette ville aux allures presque trompeuses. Et Mok ne s’en sort pas. Il fuit sans cesse la misère, le racisme, la délinquance et le chômage de la banlieue.
Le contraste entre les deux personnages, burlesques, met en lumière deux univers opposés, un aller/retour entre les deux pays liés et entremêlés, malgré tout où le rêve et le cauchemar se conjuguent à tous les temps.
Ce contraste dur jusqu’à la fin du film où Alilou rate son avion de retour pour avoir découvert l’amour, alors que Mok sera expulsé vers l’Algérie parce que ses papiers ne sont plus en règle.
Avec ce film, Merzak Allouache, le « cinéaste témoin » signe là une comédie chargée d’humour et pourtant proche du drame. Et malgré la légèreté reprochée au film par certains, « Salut Cousin ! » reste aussi un regard témoin posé sur deux sociétés confrontées et pourtant si proches.
En plus du jeu des comédiens, l’un des point fort du film est aussi sa bande originale, signée Safy Boutella.
« Salut Cousin ! » reçoit plusieurs prix après sa sortie en 1996. En plus du Tanit d’Or de Carthage, il rafle le Bayard d’Or au Festival de Namur, la Pyramide d’Argent au Caire, le Prix du meilleur scénario et celui du meilleur réalisateur au M’NET Film Awards, ainsi que le Prix de la critique Arabe à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes et le Prix du Meilleur film et Meilleure interprétation (Messaoud Hattou) au Festival de Montereau.
Z.M.
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