Il est de ces Français d’Algérie qui portent l’Algérie dans le cœur, jusqu’à la mort. Pierre Chaulet, cet enfant d’Alger, de la troisième génération des Français d’Algérie, a passé toute sa vie à défendre son pays d’adoption, au risque de se faire emprisonner, d’être accusé de trahison.
Ce militant de la cause algérienne, né le 27 mars 1930 à Alger, n’a jamais caché son opposition au statut de citoyens de seconde zone accordé aux Algériens. Bien avant le déclenchement de la Révolution de Novembre 1954, Pierre Chaulet, alors jeune étudiant en médecine, s’engage à 21 ans dans l’Association de la Jeunesse algérienne pour l’action sociale, puis contribue, en 1953, à la revue Consciences maghrébines que dirigeait André Mandouze, professeur à l’université d’Alger. Leur but : « lutter contre l’intolérable inégalité entre Européens et musulmans ».
Il s’engage au FLN, sous les ordres d’Abbane Ramdane, lui et sa femme Claudine et travaille en étroite collaboration avec Frantz Fanon.
En février 1957, Pierre Chaulet est arrêté en pleine bataille d’Alger. Expulsé d’Algérie après un séjour en prison, Pierre rejoint Tunis et participe aux premières structures de la médecine publique algérienne, dont il sera, après l’indépendance, une figure de proue, mais participe également dans le journal « El Moudjahid » qui portait la voix de l’Algérie combattante.
Le combat de Pierre Chaulet ne s’arrêtera pas à l’indépendance de l’Algérie. En effet, il rejoint l’hôpital Mustapha Pacha où il contribuera grandement à l’éradication de la tuberculose en Algérie.
Le Pr Chaulet est également un des membres fondateurs de l’Agence de presse algérienne (APS), créée à Tunis en 1961. En 1963, il acquiert la nationalité algérienne. Professeur en médecine et expert de la tuberculose auprès de l’OMS depuis 1981, le défunt a été élu à la première Assemblée populaire communale de la ville d’Alger, puis vice-président de l’Observatoire national des droits de l’Homme et, enfin, chargé de mission pour la santé auprès du Chef du gouvernement et membre du Conseil national économique et social (CNES). Au début de l’année 2012, Pierre Chaulet et sa femme Claudine ont publié un livre intitulé « Le choix de l’Algérie : deux voix, une mémoire » (éditions Barzakh), une sorte de mémoires, dans lequel ils apportent leurs témoignages respectifs sur leur vie, leur engagement et leurs actions. Un ouvrage dans lequel ils affirment aussi leur confiance dans la capacité du peuple algérien à tracer sa propre voie, dans le respect des valeurs ayant fondé sa révolution.
Décédé en 2012 à Montpellier, Pierre Chaulet sera enterré, comme il le voulait, au cimetière chrétien de Diar Essaâda, aux côté d’Henry Maillot, militant communiste abattu en 1956 en détention par l’armée française.
A. B
Illustration: https://www.lematindz.net/news/8426-pierre-chaulet-lhumiliation-dans-laquelle-etaient-tenus-les-algeriens-nous-a-fait-rejoindre-le-camp-de-lhistoire.html