La cité d’Oran constitue une réserve alimentaire pour le royaume espagnol, mais aussi un point stratégique de contrôle durable des côtes algériennes et celles de toute la Méditerranée.
La prise de la ville d’Oran par les Espagnols, le 13 mai 1509, renvoie à des faits cruciaux au sein même du royaume de la Péninsule Ibérique (Espagne) et dans le Bassin méditerranéen. D’abord, la fin de la Reconquête, en janvier 1492, précédée par la chute à Grenade en Andalousie des musulmans, ce qui sera suivi dès 1502 par l’expulsion de ces derniers, eux et les juifs. C’est le début d’une ère nouvelle de modernisation, marquée par la découverte de l’Amérique grâce à Christophe Colomb au nom des rois catholiques de Castille, d’Aragon et de toute l’Espagne. Ensuite, l’échec de la puissance portugaise à asseoir sa domination dans les villes de la Méditerranée comme Ceuta (Sebta) et Tanger est mis à profit.
Aussi, les interminables rivalités entre le sultanat des Hafsides dans le Maghreb, dont la capitale est Tunis, et les Zianides, dont la capitale est Tlemcen, sont favorables au grand projet d’occupation espagnole d’Oran, de toute sa région, en crescendo de plusieurs villes d’Algérie et même de toute l’Afrique du nord. Projet qui sera avalisé, en 1494, par le pape Alexandre VI. Ce grand chef pontife a autorisé le roi Ferdinand d’Aragon à prendre les côtes dites « inhospitalières », peuplées par des « indigènes » et des « infidèles », sauf celles des royaumes de Fez (Maroc) et de Guinée (appartenance aux Portugais par concession apostolique).
Les motivations semblent religieuses, mais elles sont surtout commerciales, économiques et même politiques. Car, aux yeux de la royauté ibérique, il faudrait en finir avec l’hégémonie de l’empire ottoman qui représente alors un danger considérable en Afrique du nord, entre autres. C’est dans cette logique de guerre anti-islamique que va s’engouffrer la colonisation espagnole.
Oran, ville portuaire par excellence, est située à l’entrée du détroit de Gibraltar. Elle se trouve non loin de Marseille et par conséquent de la route sur Paris. C’est dans ce sens que le fort de Santa-Cruz sera érigé. Il domine à l’est la ville d’Oran et, à l’ouest, la baie de Mers El Kébir qui devient le plus grand port militaire de Méditerranée. Oran, cité stratégique pour nombre de prétendants à sa conquête, est de surcroît à quelques kilomètres de Tlemcen et d’Arzew, une autre ville portuaire à occuper… A SUIVRE
Mohamed Redouane
Bibliographie
- Histoire d’Oran avant, pendant et après la domination espagnole par Henri-Léon Fey. Edition d’Adolphe Perrier, 1858, France.
- Documents inédits sur l’histoire de l’occupation espagnole en Afrique/1506-1574. Edition de A. Jourdan, Alger 1875.
- Site oran-dz.com
- Illustration : Débarquement des Morisques au port d’Oran (1613, Vicente Mestre), Fundación Bancaja de Valencia