Dernier témoin de la grandeur d’une ville qui a été jadis la capitale et le point de chute d’un peuple composé de nomades et de sédentaires, d’agriculteurs, guerriers et caravaniers dont les frontières tribales traditionnelles défient encore aujourd’hui la géopolitique, un tombeau, encore un, condamné à rester quand tout ce qu’il représente n’est plus perpétue encore la mémoire d’Abalessa dans ce qui subsiste de cette oasis.
Supposé avoir été érigé pour la dépouille de la reine Tin Hinan, ce tombeau dont la construction devrait remonter au 4e ou au 5e siècle répond lui aux standards de l’architecture des berbères puisque présentant beaucoup de similitude avec le tombeau de l’Imedghacen et de quelques autres monuments funéraires du nord du pays même il se situe dans une région où les références sont tout autre à 80 km de Tamanrasset.
La légende de Tin Hinan, reine des touaregs élue par ses concitoyens, veut que cette dernière ait elle-même commandé la construction de ce tombeau afin de perpétrer les traditions funéraires du Tel (du nord) d’où elle venait refusant de reposer à tout jamais dans les dolmens et autres sépultures propres à la région.
D’une forme quasi circulaire cet édifice en pierres sèches d’une hauteur de 4 mètres et occupant au sol une surface de près de 600 m², à l’intérieur onze pièces ont été découvertes par les archéologues qui ont fouillé le tombeau pour la première fois lors d’une mission franco-américaine en 1926 qui a également découvert un squelette daté approximativement de la moitié du 4e siècle, squelette présenté comme celui de la reine et qui était exposé au musée du Bardo avant sa fermeture.
Après une seconde fouilles quelques années plus tard, les archéologues français déduisent que l’édifice était certainement un lieu sacré et fortifié, ce qui alimente la thèse de la légende Tin Hinan, ou alors un gite d’étapes entre la méditerranée et les pays du Sahel et d’Afrique subsaharienne.
Une lecture anthropologique de la sépulture et de ses développements laissent supposer une vocation sacré pour l’endroit qui comprenait une sorte de déambulatoire (un parcours prédéfinie comme un couloir) qui tournait autour de la sépulture contenant le squelette, cette lecture affirme également que les lieux ont été, à un moment non défini, désacralisés avec le fermeture de ce déambulatoire isolant ainsi la chambre funéraire.
Les pierres du tombeau portent également à plusieurs endroits des inscriptions en tifinagh ou des gravures rupestres représentants quelques animaux mais les fouilles et études autour de ce symbole très ancré dans la culture des touaregs conjugué à une légende fondatrice de tout un peuple restent encore très insuffisant compte tenu des hypothèses qui donne une très grande importance historique à ce lieu à ciel ouvert.
Heureusement pour l’histoire et la culture ce legs patrimonial a été pris en charge par l’Office du parc de l’Ahaggar et la direction de la culture de la wilaya qui ont défini et clôturé un périmètre de sécurité, installé un poste de garde et un tout petit musée de site construit en pierre selon les standards de l’architecture traditionnelle locale.
Mohamed Rafik