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Le nationalisme algérien (1900 à 1954)

Mohamed Idir Aït Amrane le barde de l’identité amazighe

kkerammisumazigh-451c7Poète, auteur de plusieurs ouvrages, pionnier de la revendication identitaire amazighe, militant pour la cause nationale algérienne, Mohamed Idir Aït Amrane est resté attaché à ses idéaux toute sa vie.  

  Le poète d’expression amazighe a écrit : « Debout fils d’Amazigh ! / Notre soleil s’est levé, / Il y a longtemps que je ne l’avais vu, / Frère, notre tour est arrivé. » Cette première strophe du texte poétique de Mohamed Idir Aït Amrane est déjà un appel à l’insoumission, à l’action contre l’occupation coloniale française. Il a alors près de 21 ans quand il a écrit et composé ces vers de Ekkr a mm is umazigh, le mardi 23 janvier 1945. Sadek Hadjeress, son ami et compagnon au combat national, témoigne : « Je me souviens alors comment, à la pause d’après midi d’une grise journée hivernale de début 1945, dans un préau du lycée balayé par un vent glacial, il nous chanta le refrain et l’ébauche des premiers couplets de ce qui allait devenir l’hymne Debout fils d’Amazigh. Il venait de le composer, après une longue maturation, en griffonnant le texte (qu’il a conservé avec toutes ses ratures) pendant un cours de maths ».  

 

Le Groupe de Ben Aknoun 

Ces deux amis se sont rencontrés au lycée de Ben Aknoun (l’actuel El Mokrani) à Alger. Ils sont alors membres d’une cellule du PPA (parti du peuple algérien), organisée autour d’une trentaine de personnes dont Omar Oussedik, devenu commandant de la wilaya IV et membre du GPRA. Yahia Henine, l’un des futurs rédacteurs de la brochure l’Algérie libre vivra. Ali Laimeche, décédé à l’âge de 19 ans le 06 août 1946 à la suite d’une typhoïde dans le maquis.  Hocine Aït Ahmed, dirigeant de l’OS (Organisation spéciale) en février 1947 et leader du FFS (Front des forces socialistes) dès 1963. Dans la conjoncture de la deuxième Guerre mondiale, cette composante, appelée communément le Groupe de Ben Aknoun – qualifiée dans le mouvement national de berbéro-nationaliste –, s’est bien forgée un caractère nationaliste. M. I. Aït Amrane rapporte que l’agent de liaison du parti, Benaï Ouali, « nous fixait, chaque dimanche, un rendez-vous dans un petit café de la rue Boutin, en basse Casbah ». Lieu de réunion des militants « où nous nous attardions souvent, tellement les discussions étaient intéressantes ».  

 

Le chant 

Entre ses études et son militantisme, il écrira nombre de textes comme Asefru n timidwa (Chant de l’amitié, 1945), Bbwiged tafat à wudem (Je n’ai pas fermé l’œil de toute la nuit, janvier 1946) ou encore Tamurt l Lezzayer (l’Algérie le pays, 1951). Toujours est-il que Debout fils d’Amazigh se révèle comme un hymne nationalLe premier de sa muse amazighe, qui deviendra en quelques semaines, selon ses propres propos, « un chant populaire qui vola de bouche en bouche et finit par s’intégrer dans la mémoire collective et anonyme du peuple ». Son auteur se retrouve à Tiaret où il exerce dans l’enseignement, dès le 16 avril 1949. Son premier poste à Aïn Bouchekif, après avoir abandonné ses études de pharmacie. Il quitte cependant le PPA en raison de la crise interne, dite berbériste, en 1949. Son domicile servira aux activités du Front de libération nationale. Le 19 avril 1956, il y sera arrêté. Il sera incarcéré à la prison civile de la même ville pour « atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat ». Il ne sera libéré qu’à l’indépendance nationale.   

 

Les années de l’indépendance 

Le voilà député à la première assemblée de l’Algérie indépendante. Puis, wali à El Asnam (Chlef), directeur de l’Education à Tiaret et à Chlef. En mai 1995, le Haut commissariat à l’amazighité est installé. Son premier président n’est autre que M. I. Aït Amrane qui, selon le Secrétaire général de cette institution, Si El Hachemi Assad, représente une « sensibilité particulière au recouvrement de la personnalité algérienne dans toute sa dimension ». Sans jamais dissocier l’indépendance nationale de l’amazighité (ou la berbérité), l’homme de culture Mohamed Idir Aït Amrane a persévéré, jusqu’à sa mort, à convaincre que l’identité amazighe est un dénominateur commun à tous les Algériens. Au-delà de son apport au mouvement national par le chant, il a également conçu un système d’écriture de la langue amazighe en caractères latins, après avoir étudié la linguistique et l’histoire d’Afrique du nord.  

  

Mohamed Redouane  

 

En quelques dates  

22 mars 1924 : naissance au village Takidount, dans les Ouacifs en Kabylie. 

04 novembre 1941 : admission au lycée Bugeaud (l’actuel Emir Abdelkader) à Alger.   

Décembre 1942 : Transfert à l’Ecole normale de jeunes filles de Miliana.  

13 septembre 1944 : première réunion de la première cellule du PPA à Tiaret.  

Janvier 1945 : Etudiant au lycée de Ben Aknoun.   

Septembre 1949 : dernière réunion au PPA et démission.  

1961 : obtention de la licence d’arabe.  

31 octobre 2004 : décès à Oran. 

1er novembre 2004 : inhumation  à Tiaret.  

 

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Bibliographie:

  1. Mémoire Au lycée de Ben Aknoun 1945 / Ekkr a mm is umazigh de M. I. Aït Amrane (1992, édité à compte d’auteur).  
  2. Texte L’apport de Idir Aït Amrane à la cause nationale de Sadek Hadjeres (novembre 2004) dans socialgerie.
  3. Film documentaire Ad Yidir mmi-s umazigh (Le fils de l’amazigh vivra) de Si El Hachemi Assad. Avril 2014  
  4. Illustration 1 : https://www.lexpressiondz.com/culture/162714-hommage-a-l-illustre-mohamed-idir-ait-amrane.html
  5. Illustration 2: https://www.socialgerie.net/spip.php?article1180

 

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