Originaire de Biskra, Meriem Fekkaï est née en 1889 à Alger. Elle débute sa carrière comme danseuse d’abord, à l’occasion des fêtes familiales, et en interprétant des spectacles organisés par Mahieddine Bachtarzi à partir de 1928, alors qu’il présidait aux destinées de la Société musicale El Motribiya.
Danseuse de talent, elle a, entre autre, participé à des spectacles au cabaret El-Djezaïr de Paris, aux côtés de Bahia Farah, cette autre danseuse inoubliable, et de la chanteuse kabyle H’nifa. Les trois artistes ont contribué lors de la Guerre de Libération nationale, notamment en tant que colleteuses de fonds.
Chanteuse est un métier que Meriem Fekkaï entreprit très tardivement. Elle figurera sur un plateau artistique grandiose, le samedi 24 août 1929, à Alger, aux côtés de Mahieddine, Sassi et la grande Chabha. Là, elle s’affirme réellement comme une artiste complète, car, aux talents de chanteuses, s’ajoutent ceux de danseuses traditionnelle. Une nouvelle étoile est née ce jour-là.
Et en 1935, Meriem Fekkaï âgée de 40 ans, constitue un ensemble artistique nouveau composé de cheikhates, avec une performance tout à fait nouvelle.
Avec une instruction moyenne, Meriem Fekaï compensait avec une grandeur d’âme et un comportement sociale incomparables. Aimable et très accueillante, sa demeure demeurait ouverte à tous les artistes, dont beaucoup appréciaient de s’y rencontrer pour des échanges.
Son mari, Abdelkrim Belsenane, ne ménageait aucun effort pour son épanouissement artistique. Ils vécurent ensemble durant une quarantaine d’années, mais n’eurent pas d’enfants.
La chanteuse choisissait sa clientèle parmi les familles bourgeoises. Son programme était toujours chargé en été. Elle chantait des poésies du genre aroub et hawzi, des morceaux légers (nqlébète), du classique andalou… Et surtout, elle donnait leur chance à toutes les belles voix qui l’entouraient. Elle avait, pendant une longue période, permis à Fadhéla Dziria d’interpréter tous les istikhbarate, préludes aux chants qu’elle programmait pour son ensemble à l’occasion de toutes ses prestations.
Ses succès étaient en grande partie ceux de Yamna ou de Tetma, car puisés dans le patrimoine hawzi tlemcenien ou aroubi algérois. Meriem Fekkaï se démarquera cependant par l’interprétation à l’unisson de la quasi-totalité des chants. Le dakhlati messameï Rana Dji,ek, chant de bienvenue à la mariée, reste son chef-d’œuvre avec El qelb bete Sali et Mene houa rohi ou Raheti, du poète tlemcenien Ibn Msaïeb.
Meriem Fekkaï sortait rarement hors d’Alger, sauf pour des visites amicales ou familiales à Tlemcen, ou encore à Miliana pour l’Aïd El Adha. Elel était, par ailleurs, une cinéphile très avertie et ratait jamais son après-midi cinéma et les premières de films qui passaient à Alger.
Meriem Fekkaï décédera le 18 juillet 1961, une année avant l’indépendance de l’Algérie. Malheureusement, celle qui a marqué la chanson citadine d’un cachet si particulier, ne fait l’objet d’aucune biographie. Seuls des bribes ici et là sur le net et dans quelques dictionnaires encyclopédiques nous permettent de connaitre un peu sa vie, mais non de reconstituer son parcours.
Synthèse K.T.
Sources :
- « Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP, 2007
- Le Midi Libre du 25 mars 2008. (« Rachid Guerbas rend hommage à Meriem Fekkaï à Biskra. Une étoile tardive à la vie peu connue », par Karimène Toubbiya