C’est un mot berbère d’origine arabe, dérivé de la racine QBL, qui veut dire « faire face ». Le terme désigne spécifiquement l’accoucheuse, et plus généralement la guérisseuse, qui opérait dans les villages berbères et plus précisément chez les Aït Iraten.
Lqibla était considérée comme étant la gardienne des traditions et du savoir magique, car sa personne se caractérise par la connaissance empirique qu’elle a des pantes, et des techniques curatives. Sa fonction s’acquiert par expérience, souvent à partir d’un accouchement qu’elle a dû effectuer par nécessite une première fois. C’est une femme généralement d’un certain âge, ménopausée, ayant eu elle-même plusieurs grossesses et accouchements.
Par ailleurs, ce qui différencie l’accoucheuse guérisseuse de la sorcière, demeure au niveau du danger qui émane de l’esprit qui la possède. Certains esprits sont plus facilement socialisables que d’autres; de ce fait, si l’esprit peut être récupéré socialement,sa victime devient guérisseuse; au contraire, s’il refuse d’accepter les valeurs sociales, elle devient sorcière.
Enfin, lqibla qui n’a pas d’homologue masculin, bénéficie d’une aura qui « la fera entrer directement aux paradis », selon les dires locaux, car c’est une femme au savoir respecté, et qui se trouve tout à fait intégrée dans la société.
Mira B.G
Sources :
- Nedjma Plantade, La guerre des femmes : magie et amour en Algérie, 1988
- B. Makilam, La magie des femmes kabyles et l’unité de la société traditionnelle, 1996
- Genevois, Education familiale en Kabylie, fichier de documentation berbère n°89
- Illustration : Huile sur toile : « Les pieds dans l’eau« , Frederick Arthur Bridgman