Line Monty, la diva de la chanson francarabe

Line Monty, de son vrai nom, Eliane Serfati, est née à Alger en 1926, dans une famille mélomane. Cette française d’Algérie, de confession juive, appréciait autant le registre traditionnel algérien que la mélodie occidentale, mais a préféré s’orienter vers la chanson française.

Sa voix chaude comme le soleil de la méditerranée, lui vaudra rapidement l’admiration du public et renouvellera le genre réaliste dans la lignée de chanteuses, comme Damia et Marjane. Elle obtient le prix Edith Piaf, puis le premier prix de l’olympia, accumule les tubes dans les music-halls et dans les cabarets des quartiers chics. On lui doit des standards comme Ana louliyaEktebli chouiyaAna lli nhebbekBerkana menkoumKhadaâtini (Tu m’as trahi), Alger, AlgerLaissez-moi vivreMa guitare, mon paysYa oummi.

Sa voix vibrera à travers le monde, durant des tournées allant du Moyen-Orient à l’Amérique Latine, en passant par la Hollande, l’Allemagne, le Canada et les Etats-Unis où elle tiendra pendant une dizaine d’années un club en vogue, à New York.

En Egypte, son ami de scène Farid El Atrache lui fera répéter une de ses compositions. Le public égyptien se bousculera pour aller écouter cette française qui chante si bien la langue arabe. «Elle était toujours en état de grâce, sa voix féline emportait nos cœurs, élevait nos âmes et sa beauté nous laissait sans voix.», dira Youcef Hagège, son compagnon et auteur-compositeur, ce qui avait fait déplacer Oum Kelthoum et Mohamed Abdelwahab.

Line change de répertoire lorsqu’un ami lui proposera de chanter l’oriental, mais c’est les nuances de la chanson francarabe qui la séduira. A partir de là, ses administrateurs lui réclameront plus de chansons traditionnelles algériennes, ce qui aboutira à l’enregistrement d’un titre populaire.

En 1961, avec Maurice Medioni et Lili Boniche, Line s’installe à Paris, fréquente les boites de nuits et devient une star de la chanson française. Elle reprendra, cependant, plus d’un titre de la chanson algérienne, après l’indépendance de l’Algérie, pour les nostalgiques. Des titres de chaâbi, rumbas francarabes très populaires et la chanson L’orientale est rendue célèbre, grâce à elle.

Après le décès de Line Monty, en 2003 et de Lili Boniche, en 2008, Jacqueline Gozland réalisa un documentaire historique sur les trésors de la musique arabo-andalouse et de la musique judéo-arabe, intitulé «Le port des amours». Elle sera enterrée au cimetière parisien de Pantin, aux côtés de Reinette l’Oranaise, l’autre diva de la musique algérienne.

Mounira Amine-Seka.

Sources :

  • Dictionnaire des musiciens et interprètes algériens, Achour Cheurfi, Editions ANEP.
  • univ-provence.fr.

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