Alors que l’on s’apprête à fêter la nuit du destin, une date très importante dans notre religion, celle de l’événement sublime : la révélation et la descente du Coran, le repas se doit d’être très spécial. Chaque région a son plat de prédilection, son plat de fête pour faire honneur à cette nuit, entre la trida et la chekhchoukha, en passant par des dizaines de couscous et autres mets de pâtes. Le choix est varié et les saveurs sont forcément au rendez-vous.
A Cherchell où subsiste encore de nombreuses traditions et habitudes andalouses, on ne déroge pas à la règle. Après une h’rira légère et savoureuse, place à un couscous surprenant, haut en saveur : le couscous aux amandes et à l’eau de fleur d’oranger.
La sauce se prépare blanche, avec du poivre, un peu de cannelle, de la viande de mouton, des pois chiche et des amendes amendées. La semoule se prépare comme à l’accoutumée, mais avant de la passer une dernière fois à la vapeur, au lieu de l’eau, on l’humidifie avec un mélange parfumé : on prélève une louche de sauce à laquelle on ajoute de l’eau de fleur d’oranger et une cuillère de cannelle. On mélange bien les graine de couscous jusqu’à absorption de cette préparation et on le passe à la vapeur avant de le beurrer et de le servir décoré de viande, d’amandes et de pois chiche, le tout saupoudré encore de cannelle.
Ce couscous se prépare pour marquer le milieu du ramadan ou la nuit du 26, leilat el Qadr, selon les familles et leurs habitudes.
Sa vue comme son goût ne laisserait personne indifférents. Il reste cependant très peu connu, à Cherchell même, il tend à disparaitre des traditions culinaires, comme de nombreux autres plats partout ailleurs dans l’Algérie.
Si on ignore son origine, on imagine très bien que ce couscous nous vient d’Andalousie, puisque selon certaines recherches, notamment celle de Kamel Bouchama (*), la majorité des grandes (ou anciennes) familles de Cherchell, seraient d’origine andalouse. En effet, dans son livre «De Iol à Caesarea à… Cherchell », il affirme que 1200 familles grenadines chassées d’Andalousie s’étaient installées à Cherchell. D’autant qu’en étudiant de près les us de cette ville, on retrouve de très nombreuses similitudes avec les usages mauresques.
Z. M.
- (*) Kamel Bouchama «De Iol à Caesarea à… Cherchell» A la recherche de la cité perdu. Ed. Mille Feuilles. 2008. Cherchell