Le conte du jeudi : L’Homme qui ne voulait avoir de fils, dernière partie

« Un conte merveilleux, Dieu le rende plaisant.

Qu’il le rende semblable à un galon de soie »

[…] Suite à la cruelle demande du père, le jeune homme voyagea trois jours durant… Il arriva enfin dans un pays étranger et se renseigna auprès des habitants. L’un d’eux lui dit : 

« Je sais où habite la fille de l’empereur des ogres, mais je te déconseille d’y aller

– Pourquoi donc?

– La fille en question habite au septième étage d’un palais, elle est sous la garde de quatre-vingt-dix-neuf Ogres qui sont ses frères. Quiconque s’approche du palais, met sa vie en danger.

– Qu’à cela ne tienne, j’irai la retrouver ! »

Le vaillant jeune homme acheta alors une vache qu’il égorgea, puis la coupa en quatre-vingt-dix-neuf morceaux qu’il mit dans un sac, et s’en alla en direction du château. Il arriva à la nuit tombante… descendit de son cheval et déposa les morceaux de viande devant la porte. Les ogres, attirés par l’odeur de la chair fraîche, sortirent du château et se régalèrent avec l’imprévu festin; ils déclarèrent tous en coeur : « Nous jurons par Dieu d’épargner la personne qui nous a permit de bien manger. En outre, nous lui promettons tout ce qu’elle nous demandera, même si c’est notre soeur. « 

A ces mots, le jeune homme sortit de sa cachette et leur dit : « Justement, c’est pour cela que je suis venu.

– Hum, si nous n’avions pas prêté serment, nous t’aurions dévoré. Notre soeur nous est aussi chère que la prunelle de nos yeux. Prends-la, mais avant de partir, prends ceci : « 

Ils découpèrent chacun une partie de leur peau, et ils mirent tout cela dans un sac qu’ils tendirent au jeune homme en disant :  » Aussitôt que tu te sentiras en danger, tu jetteras les morceaux de peau dans le feu « . 

Le jeune homme acquiesça, aida la belle jeune fille à monter en selle, et disparut dans la nuit…

Après avoir galopé en compagnie de la fille de l’Empereur des Ogres, il arriva en vue de son château. Sa mère angoissé, l’attendait au seuil de la maison. Dès qu’elle le vit, elle se jeta dans ses bras en sanglotant. Le lendemain au lever du jour, le jeune homme annonça aux paysans qu’il avait réussi dans son entreprise et les pria d’aviser son père.

Quand ce dernier apprit la nouvelle, il entra dans une violente colère, puisque son fils avait échappé à tous les dangers, il le tuerait lui-même! Il chargea les paysans d’annoncer à son fils qu’il lui déclarait la guerre. Quand le jeune homme apprit la nouvelle, il fut consterné. A la joie de la veille, succéda la tristesse : la mère et le fils pleurèrent à chaudes larmes. 

le père regroupa tous les hommes valides des trois tribus de la région, et leur distribua des armes. Ils encerclèrent le château et se préparèrent à l’attaquer. 

Stoïques, la mère et le fils s’en remirent à Dieu. La fille de l’Empereur des Ogres apparut alors, tenant entre ses mains le sac que lui avaient remis ses frères. Elle le jeta dans le feu et, un moment après, les ogres apparurent dans un nuage de fumée et de poussière. A la vue des ogres, les soldats prirent peur. Le père du jeune homme était parmi eux, et ne put s’empêcher de déclarer : « Mon fils est un homme véritable! »

« Mère, dit le jeune homme, mon père t’a fait du mal, il faudrait qu’il soit châtié. Comment le reconnaître?

– C’est celui qui porte un burnous blanc et une calotte rouge » répondit la mère. 

le jeune homme donna aux ogres l’ordre d’exterminer tous les soldats et n’épargner que son père. Ce qui fut fait, sur le champ. 

Peu après, il invita son père à rentrer au château et demanda à sa mère de chauffer une grande bassine d’eau. Il lui présenta un beau costume en lui disant : 

« Je veux que tu prennes un bain dans cette eau de jouvence, mais avant cela tu prononceras ces paroles : « Ô Dieu tout puissant, débarrasse-moi de mes rides et cheveux blancs, et redonne-moi l’ardeur de mes vingt ans… » »

Lorsque l’eau devint bouillante, le père plongea dans la bassine tout en prononçant la formule magique. Le miracle ne se produisit pas, et le père mourut brûlé vif, à la satisfaction du jeune homme et de sa mère, qui furent ainsi vengés… 

« Voilà, mon histoire à suivi le lit de l’oued, 

Je l’ai racontée à des fils de seigneurs.

A moi, que Dieu pardonne,

quant aux chacals, qu’il leur en cuise. »

Mira B.G

  1. Un conte adapté du Kabyle, par Ali Benmesbah, pour le recueil des « Contes algériens », de Christine Achour, et Zineb Ali-Benali

Retrouvez les parties I et II de ce conte sur Babzman :

https://www.babzman.com/2014/le-conte-du-jeudi-lhomme-qui-ne-voulait-avoir-de-fils-partie-1/

https://www.babzman.com/2014/le-conte-du-jeudi-lhomme-qui-ne-voulait-avoir-de-fils-partie-2/

 

 

 

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