Dhikr est le nom verbal tiré du verbe dhakara qui signifie : rappeler quelque chose, faire mémoire, se ressouvenir, rappeler souvent. Le contraire du dhikr est l’oubli : on se remémore une chose après l’avoir oubliée et on en fait mémoire par la langue et le cœur . A côté de significations profanes comme le renom, la louange, l’honneur, le dhikr a des significations religieuse : Le livre( Coran),prière, invocation, récitation,( du Coran) , louange, remerciement, obéissance. Pour les soufis, le dhikr est mention de Dieu, souvenir de Dieu , remémoration du nom de Dieu.
Le nom revient fréquemment dans le Coran. Les premiers exégètes n’en perçurent pas immédiatement la richesse, en particulier son lien avec le cœur et lui donnèrent une signification restrictive, en précisant le verset « Invoquez Dieu souvent » ( Coran, XIII, 41 ; XXXIX é » ; LVII, 16), par la formule « par la langue », comme s’ils voulaient exclure toute autre forme d’invocation ; c’est le cas de Muqâtil (m. 150/761)
Ghazâlî en donne la définition suivante : «Les dhikr-s sont des formules dont la répétition est source de bienfaits spirituels. » Les dix versets coraniques qu’il cite n’épuisent pas toutes les virtualités du sens du mot dans le Coran. Le choix qu’il fait est significatif de la valeur qu’il entend donner au dhikr : la réciprocité du souvenir entre Dieu et l’homme est fondée sur l’ambivalence du sens, actif/passif, du verbe en arabe, et surtout sur l’antériorité et la supériorité du souvenir que Dieu a de l’homme sur la remémoration du nom de Dieu par l’homme ; un fruit en découle : Dieu se fait proche et la prière est exaucée.
[ ] Ghazâlî n’entre pas dans le détail des techniques respiratoires et des positions corporelles à observer par le murîd pendant la séance de dhikr. Étaient –elles déjà codifiées avec la précision que l’on retrouve chez des soufis à une époque ultérieure ? Il se borne à dire que le murîd devra être assis, sans plus, à la maison ou à la mosquée, et «ne cessera de dire de bouche : Allâh, Allâh continuellement avec la présence du cœur , et cela jusqu’à ce qu’il parvienne à un état où il abandonne le mouvement de la langue et voie le mot comme coulant sur celle-ci . Puis il en vient au point d’effacer la trace du mot sur sa langue, et il trouve son cœur continuellement appliqué au dhikr »
Extrait – Ghazâlî , Temps et prières ( prières et invocations extraites de l’IhYâ ulum al’dîn traduites de l’arabe, présentées et annotées par Pierre Cuperly – éd, ACTES SUD , 1990