Très apprécié par la population à Ténès où il exerçait comme médecin, il a été pour beaucoup dans l’organisation de la résistance dans cette région.
Né à la Rochelle, en France, Jean Masseboeuf arrive en Algérie en 1921, à l’âge de 13 ans. Scolarisé au Collège Colonial de Blida, puis au lycée Bugeaud d’Alger, il adhère aux Jeunesse Socialistes puis au Parti Socialiste.
En 1928, il entame ses études de médecines à la Facultés d’Alger et obtient un diplôme en bactériologie en 1933. Deux années plus tard, il soutient une thèse sur la « Médecine et la femme dans l’Orient méditerranéen antique », puis s’installe comme médecin privé à Ténès.
Au début du second Conflit mondial, le docteur Masseboeuf est mobilisé au Maroc et refuse, par la suite, d’adhérer à la « Légion française des Combattants » pétainiste. Il sera interdit de séjour par le Gouvernement de Vichy, avec éloignement dans le Su algérien, à Ouargla, pour « menées subversives antinationales ».
Après moult péripéties en tant que militaire dans différentes régions d’Europe, il revient en Algérie en novembre 1946. Ayant adhéré au Parti Communiste Algérien quelques années plus tôt, il se prote candidat pour le parti lors des élections cantonales d’avril 1948.
En août 1951, il sera nommé vice-président sur le plan national du Front Démocratique Algérien (MTLD- Oulémas – UDMA – PCA)
Et dès l’interdiction du Parti Communiste, en septembre 1955, Jean Masseboeuf commence son activité clandestine, notamment le transport d’armes pour la mise en place du « Maquis rouge », à Ténès et à Beni Houa. Il organise aussi des déplacements de responsables du FLN en leur procurant de faux papiers.
Il sera arrêté par la DST et conduit en résidence surveillée à Reibell (Chellala), dans le sud algérien. Incarcéré à Kasr El Boukhari (Médéa), à Blida et à El Asnam (Chlef), il sera condamné à 20 ans de travaux forcés et à la dégradation civique par le Tribunal Militaire d’Orléansville (Al Asnam).
Jean Masseboeuf purgera sa peine dans les prisons d’El Harrach, de Marseille et de Chypre et ne sera libéré qu’après le cessez-le-feu, le 13 avril 1962.
Dès la proclamation de l’indépendance, il est nommé médecin intérimaire de l’AMS à Arris, dans le Massif des Aurès. Il y reste 13 mois et y crée une école d’aides-soignants. En 1963, il sera nommé Directeur Départemental de la Santé à Constantine.
S’étant convertis à l’islam et épousé Kheïra Benfardjallah à Arris juste après l’indépendance, Sadek Jean Masseboeuf obtient la nationalité algérienne en décembre 1963. Il enchaine les postes de responsabilité à Constantine et publie de nombreux ouvrages médicaux. En parallèle, il intervient dans d’importants congrès et séminaires médicaux et enseigne la médecine du travail à la Faculté de Médecine de Constantine.
En mars 1975, il est responsable du Département de Médecine Sociale qui vient d’être crée. Et alors qu’il entame la rédaction de ses « Témoignages autobiographiques » en 1979, on lui diagnostique un cancer. Après plusieurs interventions importantes, Sadek Jean Masseboeuf décède le 24 avril 1985 à Constantine où il sera inhumé.
L’année dernière, en hommage à ses actions de militant durant la Révolution, une structure de santé à El Khroub (Constantine) a été baptisée en son nom.
Synthèse K.T.
Sources :
– Le journal de la médecine du travail –JMT N°18. Numéro spécial en hommage au docteur Sadek Masseboeuf.