Les canons esthétiques, les rituels de beauté et la mode vestimentaire évoluent en fonction de la période et de l’espace, mais la séduction reste une préoccupation universelle intemporelle. Nous tenterons de vous faire découvrir à travers un voyage en beauté dans le temps, et sur tous les continents, les raisons qui poussent l’Homme vers cette quête de l’esthétique, ou il n’a eu de cesse de transformer son apparence, revêtant ses plus beaux atours, se parfumant, se maquillant, ou encore de façon plus contemporaine, en se modifiant le corps.
Vous découvrirez que derrière chaque mode, en grattant le vernis de la simple coquetterie marquée par l’envie de plaire, se cache une fonction sociale, qui elle, permet véritablement de comprendre l’origine d’un mouvement de style. Que l’on soigne son apparence par plaisir, par mimétisme, ou encore par contrainte sociale, il nous faut remonter jusqu’aux origines de l’humanité, pour comprendre les codes et les coutumes, qui ont fait évoluer les différentes modes.
La peinture corporelle
Des flacons d’ocre rouge, sans doute destinés à peindre le visage et le corps, ont été retrouvés dans une grotte viennoise. Les paléontologues ont constaté des traces de poudre d’ocre, et des lieux de stockage qui remontent à 500 000 ans avant notre ère. L’ocre rouge, dont la couleur fait référence à celle du sang, est depuis toujours considérée comme étant un symbole de vitalité et de fertilité. Dans les sociétés premières ainsi que dans les communautés tribales, la peinture sur corps célèbre un évènement, un changement, dont la durée de vie est liée aux circonstances : mariages, deuil, préparation à la chasse… La peinture sur corps au même titre que le tatouage, fut d’usage en Afrique et en Europe primitive jusqu’à l’âge de bronze. Ainsi, « Le rite doit son origine à l’usage de la peinture du corps en couleur rouge « tel que nous l’apprend le préhistorien P.Wernert. En outre, l’usage de la couleur, comme parure corporelle, permettait aux Hommes préhistoriques de se reconnaître entre membres d’une même tribu, et de créer une forme de hiérarchie à l’intérieur d’un groupe.
Techniques de coloration
L’observation précise de certaines représentations féminines sculptées ou gravées permet d’avancer qu’il existait déjà des peintures corporelles au Paléolithique, période durant laquelle, le rouge servant à teindre le corps était fabriqué à partir de l’ocre rouge. Quelques 150 000 ans plus tard, au néolithique (période de profondes mutations techniques) on se met à l’utilisation de la garance, une herbe dont on utilise les racines pour obtenir une teinture rouge vive. Certains spécialistes affirment que les hommes préhistoriques utilisaient déjà l’ocre rouge pour s’enduire le corps et se protéger de l’ardeur du soleil, de la sécheresse de l’air, et des insectes. On retrouve cette pratique aujourd’hui, chez certains groupes ethniques africains, notamment les Himbas (Peuple Bantou du nord de la Namibie), ou l’on reprend également l’usage de la symbolique initiatique de la couleur rouge.
Le travail des apparences est un concept en éternelle mutation, et si chez l’homme préhistorique la peinture sur corps est un véritable vecteur social, elle revêtira dans les temps plus modernes, un aspect moins symbolique, mais tout aussi lié au regard du public sur soit.
Mira B.G
Sources :
- P. Wernert Les boules de loess d’Achenheim et les « Lihtte Mirr »; essai de Paléo-Ethnographie comparée (1961)
- M. Tarday « histoire du maquillage » (2012)
- P. Wernert L’anthropophagie rituelle et la chasse aux têtes aux époques actuelle et paléolithique (1936)