Entre le tell et le chott Melrhir (شط ملغيغ), s’élève le massif montagneux des Aurès, où dans une nature inondée de lumière surgissent des dechoûr (villages) perchés au bord des falaises verticales, ou sur des pitons rocheux couronnés.
les Aurassiens ou chaouias (bergers, pasteurs en arabe), constituent un peuple semi-nomade ou sédentaire, qui a su conserver son parler, ses rites religieux millénaires, ainsi qu’une partie de leurs croyances, de leurs usages, de leur droit coutumier, à peine modifiés par les Romains, le Christianisme et l’Islam.
La coiffure de la femme des Aurès
Le costume féminin aurassien peut subir diverses modifications selon la saison, l’âge, les moyens de la femme, et le douar où il est porté. On peut tout de même dire, que les traits restent néanmoins généraux dans tout le massif.
Ainsi, la femme chaouia, au même titre que sa « sœur » kabyle ne se voile pas le visage, mais un ou plusieurs foulards accompagné(s) d’un turban couvrent ses cheveux, très souvent enduits d’huile d’olive parfumée, à l’aide de clous de girofle, de rose ou de laurier.
l’enchevêtrement des foulards permet difficilement de distinguer d’un simple coup d’œil la forme de l’enroulement.
le premier foulard, généralement noir (parfois rouge) probablement à cause de la chevelure huilée, est mis à la manière kabyle, c’est-a-dire plié en triangle, les deux pans croisés sur la nuque, revenant se nouer sur le haut du front.
Ce qui différencie la coiffure aurassienne de la coiffure kabyle, c’est l’apport chez la chaouia, d’un turban de cotonnade blanche ou d’étoffé fantaisie, qu’elle ajoute sur le foulard. Quelquefois, un el-h’âf, est utilisé comme turban, affaire de coquetterie. Un bouquet de feuilles peut y être piqué avec autant de soin, que pour une aigrette.
le turban torsadé, savamment drapé, est mis selon le goût de chacune, soit droit sur la tête, soit légèrement incliné sur la gauche. les deux pointes peuvent saillir au sommet du crâne au-dessous des oreilles. La femme chaouia peut encore au corus de l’enroulement faire passer l’étoffe en mentonnière, la nouer sur la tête et laisser flotter le reste du turban sur les épaules. Un foulard de crêpe (‘abrouq) peut encore être épinglé sur le turban et flotter à l’arrière.
La femme âgée est moins coquette dans ses tenues, comme dans sa coiffure qui consiste souvent en un modeste mouchoir de coton, et un turban noir.
A Tagoust, le turban des vielles femmes est rouge et doit cacher entièrement la chevelure, tandis que les jeunes femmes de ce village, comme des autres, ont une frange sur le front (goûssa) et deux mèches tombant sur les joues. Les cheveux au niveau des oreilles forment deux tresses qui se nouent au-dessus de la tête.
Les fillettes quant à elles, portent rarement de el-h’âf, et leurs têtes sont simplement recouvertes d’un foulard, sans turban.
Mira B.G
Sources :
M. Gaudry, « la femme chaouia de l’Aurès », 1929
P.pichault, « le costume traditionnel algérien
Illustration : « Triple portrait d’une femme de l’Aurès« , C. Dammeron (1848-1945)