Un replâtrage de façade
S’il est possible aujourd’hui de brosser un tableau plus au moins exhaustif de l’état physique de la Casbah pour l’année 2013; force est de constater que rien n’a changé (ou peu) depuis trois années! C’est à dire qu’il n’y a aucune perspective de restauration réelle, après l’opération étaiement, pompeusement appelée ‘opérations d’urgences’ entreprise par le ministère de la culture. Ces travaux d’urgence, ont été mis en place, dans le but de palier les effondrements qui (reconnaissons-le) ont diminué. Mais malheureusement tout est resté en l’état, faute d’actions de restauration des douirettes dans les règles de l’art, confiées hélas ! à une kyrielle d’artisans sans réelles qualifications, et qui ont vite fait d’abandonner leurs chantiers aussitôt les avances encaissées. Quand à ceux qui restent, les accidents avec pertes humaines sont édifiants en raison de leur incompétence! Il y aurait 142 entreprises dit-on, et 22 bureaux d’études sur le terrain. Alors calculons : si chaque artisans restaure ou sauve partiellement une bâtisse pendant un an, on se retrouverait à la fin de l’année avec 142 bâtisses en bon ou très bon état sur les trois ans, soit depuis le début de l’opération nous serions à 142X3, ce qui voudrait dire 426 douirettes sauvées dans un premier temps c’est à dire 5O% du résultat final. A ce rythme là, il ne resterait plus que 3 années, pour en finir avec les douirettes de la Casbah et en six années, la boucle serait bouclée.
La Casbah d’Alger, bilan 2013
Dans un même élan, deux ou trois opérations de dé-densification pourraient êtres opérées, et des travaux sur le basique engagés dans tous les secteurs : voirie, ordures, électricité, aménagement urbain, création d’activités artisanales, évacuations des squatteurs… ! Mais que peut-on faire, face à l’inertie ! Tout ne s’emble être que manœuvres dilatoires, atermoiements et mensonges des responsables du secteur, quand ce ne sont pas des justifications sous forme de pitoyables métaphores, « la casbah est comme ma mère! Elle est malade je la soigne, » et tutti quanti ! Le temps! Cet ami de la poussière et de la vétusté fait son œuvre. Les murs des bâtisses présentent actuellement des ‘hernies’ (gonflements), ce qui explique les quelques écroulements constatés ; le vol de madriers qui soutiennent les murs (quand ils ne cèdent pas) se pratique dans l’indifférence. En voila un patrimoine sauvagement saccagé, revendu en pièce détaché pour trois fois rien, à ceux qui ‘bricolent’ leurs douerettes un peu partout, et ce, dans un détachement, qui ne nous étonne même plus ! Rappelons le sort des milliers de pavés, chapiteaux, faïences et autres vestiges, chapardés, puis vendus aux constructeurs de villas à Dely Ibrahim. Alors que dire après cela ?
Revenons à ces opérations d’urgence, qui s’inscrivent à la base dans un cadre plus général de plan permanent de sauvegarde de la Casbah, et dont le coût total fut estimé à 56 milliards de dinars. La loi fixant le cadre de ce plan, assurait un financement par L’Etat de la restauration des maisons de la Casbah. Mais le manque d’information, et la lenteur des démarches, poussent les citoyens à agir, et pas toujours dans le bon sens. Certaines personnes retirent exprès les madriers de soutiens pour accélérer l’effondrement de leur maison, leur permettant ainsi de bénéficier rapidement d’un logement. Qui se soucie encore de la Casbah ? Même les habitants de ce site historique, tout encerclés qu’ils sont, par les gravats et les ordures de toutes sortes, l’abandonnent aux mains de ses impénétrables destructeurs.
Seuls les services de la wilaya, et à qui il convient de rendre un juste hommage opèrent sur le terrain. L’action de la jeunesse n’est pas en reste, et même si l’initiative reste isolée, il convient de saluer l’opération organisée par les jeunes de sidi bougdour et djamaa safir, qui ont chaulé et nettoyé leurs ruelles ! Les enfants de la casbah savent encore relever les défis, que les adultes ont décidé de lâchement contourner !
Tristes perspectives !
Il est vrai que ce n’est pas facile d’entamer des opérations de sauvetages des douerettes en danger. C’est une véritable ‘chirurgie réparatrice’ qu’il faut engager, mais il faut le faire, et, rapidement ! Chaque jour que Dieu fait, un pan de mur s écroule quelque part dans le tissu, c’est le cas des rues Bachara, Boudries, Smalla pour ne citer que ces dernières. Les ‘houmattes’ présentent l’aspect de villes bombardées, le paysage est cruel, la casbah est ‘métastasées’ et les agressions du temps et des hommes progressent. Comble de l’horreur, la construction d’immeubles hideux de trois/quatre étages en plein cœur de la médina se fait en toute impunité. Le ministère de la culture reste inerte, encore une fois ! Dans une casbah classée patrimoine mondial par l’UNESCO, inscrite en tant que ‘secteur sauvegardé’ chez nous, protégée par des textes et une loi, avec un plan permanent de sauvegarde et tutti quanti, des choses inacceptables parviennent encore à se dérouler sous nos yeux !
L’autre aspect cruel et non des moindres : l’absence de l’APC ! Les élus « se crêpent le chignon » dans une fronde menée sournoisement par un premier vice président (Mansour) qui brigue le remplacement du président actuel (le résultat déplorable qui a suivi la visite du nouveau wali d’Alger est la parfaite illustration sur les manœuvres de ce personnage). Il serait plus que temps, pour le nouveau wali de ‘jeter’ un coup d’œil sur ce véritable ‘panier à crabes’ pour le bien des habitants de la casbah.
Restent les propriétaires des douirettes qui se complaisent dans l’inertie et des discussions byzantines entres héritiers au sujet desquels la loi 98/O4 (tant vantée par la ministre) reste lettre morte dans ses applications!
Belkacem Babaci
Écrivain-chercheur en histoire
6 Comment
Malheureusement notre casbah n’est même pas considérée comme patrimoine alors que des pays tels que l’Espagne a protège dans presque chaque ville de l’Andalousie une Casbah « ALCAZABA » je cite celle de Malaga, Almeria, etc.
Pour le moment je n’ai rien à dire sinon qu’à vous encourager à doubler d’efforts pour sauvegarder le maximum de notre patrimoine. C’est notre devoir. En Algérie depuis 1962 nous ne sommes plus égaux, ni frères par la faute d’un système politique incompétent au départ devenu par la suite mafieux. Donc on sait tous ce qu’il ceux qui veulent faire quelque chose n’ont rien à espérer d’ailleurs. aujourd’hui il faut mobiliser la proximité et surtout les gens qu’on connait et qu’on fréquente.
Mes salutations amicales
Toutes prises en charge d’une restauration et réhabilitation du patrimoine sans prise de conscience et adhésion populaire est voue a l’échec, la frénésie du relogement par l’abondant des racines spatiales vers les taudis de ces nouvelles habitation démontrent l’absence d’engagement du pouvoir pour régler les problèmes de fonds a savoir rendre a Cesar ce qui appartient a Cesar.
Natîve de la glorieuse CASBAH,pour moi il y’a qu’une seul solution
vider les lieux & faire un téléthon au niveau national pour
restaurer à l’identique cequi reste de ce patrimoine.
La gestion de l’argent récolté doit se faire par un comité de sauvegarde
selon des régles prédéfini & dans des délais raisonnables.
la casbah a besoin de ses vrai habitants « القصبة بلا ناسها ابنيها ولا خليها »
Exactement le style d’idee dont je me fesait du sujet, merci enormement pour ce succulent article.