Hommage à Belkacem Babaci – Yamen Aach ! par Khaled Babaci

Mon père nous a quittés le 10 Septembre 2019, et je tenais absolument à remercier toutes les personnes qui nous ont soutenus dans cette épreuve, sans doute l’une des plus difficiles de notre vie. Alors famille, amis, journalistes, connaissances et toutes les personnes qui nous ont écrit, appelé, qui se sont présentées ou, qui ont commémoré… Au nom de toute la famille Babaci, nous vous remercions.

En tant que fils aîné, mon père n’avait de cesse de me répéter depuis mon plus jeune âge, que je devais me tenir prêt pour être à la hauteur le jour de son départ. Et je pensais sincèrement l’être, mais il y a des jours ou tout ressort et se bouscule… Un sentiment coupable, des souvenirs et par moment des regrets ; ça se mélange et se fracasse dans la tête, pour se transformer en une douleur tellement intense, que … Papa, t’aurais dû attendre encore un peu …

Cet homme à la fois batailleur, querelleur, accrocheur, aventureux, combatif, fier, dur… a fini par partir ! Un personnage atypique, à la fois généreux, sensible, mais surtout rêveur, toujours dans l’action jamais et au grand jamais dans l’inertie ! Il a vécu mille vies, mille passions, mille aventures… Il a esquivé plusieurs fois la mort, entre guerre, après-guerre, et terrorisme, il n’y a que la maladie qui a eu raison de lui, et encore… Même cette dernière a eu du mal … Et comme dirait l’autre, sacré papa ! Je crois même, qu’à un moment, mes pensées ont dû frôler le doute qu’il soit éternel… A vrai dire, je n’étais pas prêt à le perdre, mais je n’ai jamais pu dire à mon père combien je tenais à lui ; sans doute par pudeur, par fierté ou tout simplement par peur de laisser entrevoir une quelconque vulnérabilité, que nous savions présente chez l’un, l’autre !

Au détour de la protection d’une citadelle en ruine, en passant par la restitution d’un canon volé, des luttes, il en a mené… Il détestait se reposer ou se soigner, il n’avait de temps que pour ses passions et ses combats. Il aimait beaucoup la vie, pourtant, l’argent n’avait de valeur que pour être dépensé…Il ne voulait pas être riche, mais il souhaitait coûte que coûte laisser une trace, et une inspiration pour les générations futures ! Entre la vulgarisation et la surmédiatisation de l’histoire d’Alger et du patrimoine, et même du fameux canon, je pense qu’il a quelque part réussi son coup ! … Sacré Papa !

Tu es parti seulement 2 mois après la venue de ta petite fille, mais je retiens cette phrase géniale de Kateb Yacine « Une Algérie se meurt dans une autre en train de naître » une phrase triste et apaisante à la fois, qui me fait du bien, et m’apporte un certain réconfort, ainsi que l’espoir d’un futur riche et meilleur. Une chose est sure, j’expliquerai à ma fille de quelle pate solide nous sommes faits, à quel point tu étais le moteur de notre quotidien, et l’inspirateur de notre vie. Tu le seras toujours !

J’espère que tu es fier de nous, nous, tes enfants, et j’espère que nous serons à la hauteur de tes espérances… Des réponses que je n’aurai jamais, ou dans un autre monde peut-être, mais entre-temps, et même si j’ai toujours du mal à t’imaginer le faire, s’il te plaît repose en paix.

Et comme tu l’as toujours si joliment dis, et cette fois pour de vrai, … Yamen 3ach ! Yamen 3ach ya baba…

A mon père Belkacem Babaci, ton fils Khaled

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