Le henné est un mode vecteur des cultures ancrées dans les traditions et coutumes de l’Afrique du Nord et reste le produit cosmétique le plus employé dans la région. Utilisé dans les traditions musulmanes, lors de mariages, circoncisions et fêtes religieuses, comme les Aïds, Achoura et autres circonstances, il a su occuper une place de choix. Mis à part les fêtes religieuses, le henné est utilisé pour sublimer la beauté de la femme, pour la protéger contre le mauvais œil ou encore comme porte-bonheur.
Selon Marie Vonderheyden, dans son livre Le Henné chez les musulmans de l’Afrique du Nord : «On rencontre à tout instant, parmi la population musulmane de l’Afrique du Nord, surtout au moment des fêtes, des femmes, des enfants, quelquefois aussi des hommes, dont les pieds, les mains, ou seulement quelques doigts, sont teints en rouge orangé ou brun. Cette coloration est obtenue par application, en emplâtres, d’une poudre que l’on tire des feuilles séchées du henné, arbrisseau originaire de l’Orient, et qui ressemble au troène. On connaît, par ailleurs, l’usage qu’en font les femmes pour teindre leurs cheveux. Il y a là une antique tradition de coquetterie qui n’offre pas, semble-t-il, un grand intérêt. L’intérêt grandit cependant, du point de vue sociologique, quand on apprend que l’emploi de cette substance était recommandé par le Prophète, que le henné est une plante bénie, que tous les musulmans, notamment les Maghrébins qui nous intéressent plus spécialement, considèrent la poudre du henné, la teinture, et l’arbuste lui-même avec un respect quasi religieux et qu’en dehors de la simple coquetterie le henné se prête à une foule d’usages où interviennent la tradition, la religion et la magie.»
Cette poudre verte, connue pour ses vertus colorantes, est utilisée de façon courante pour le plaisir de se teindre les cheveux ou encore pour se faire des tatouages éphémères sur le corps.
Chez les femmes berbères et les Algériennes, en général, le henné est utilisé pour obtenir plus de force et de courage pour faire face aux difficultés du couple et se protéger du mauvais œil. Ce symbole protecteur du henné a été transmis à travers les mœurs par une application de la poudre humidifiée dans le creux de la main droite lors du rituel de la nuit du henné, Leïlet el henna, une soirée festive qui consiste à bénir l’union d’une jeune femme et son époux qui, lui, le fera quelques jours avant la fête nuptiale. Concernant la mariée, on fait généralement appel aux hennayette, les poseuses du henné. Une femme spécialisée dans la préparation du henné et qui a un certain talent dans les dessins de motifs floraux ou d’arabesques. Les dessins qu’elles peuvent réaliser s’inspirent de l’art maghrébin, elles s’exécutent avec une précision déconcertante pour un résultat raffiné et envoûtant. Aucune représentation humaine, il faut juste émerveiller, subjuguer par des formes fantaisistes et magnifiées…
Mounira Amne-Seka.
Extrait de la revue 3 de Babzman
Illustration: Collection Mohamed Hamdane