Qui est-il ? A quoi ressemble-t-il ? Comment s’appelle-t-il ? Le premier Algérien, bien que l’Algérie n’existait pas encore à cette époque, est-il venu ou né sur place ? Enquête policière sur ce terrain où l’ethnographie, l’anthropologie et l’archéologie se bousculent à la faveur de récentes découvertes.
Une brève histoire du temps passé
Place des Martyrs, au cœur du cœur du pays. Février 2018, une mini-période glaciaire s’ouvre pendant que la station-musée de métro est presque ouverte au public. Troisième station-musée en Méditerranée après celles de Rome et d’Athènes, on y trouvera à l’intérieur les plus vieilles strates de l’histoire algéroise, phénicienne d’il y a 3000 ans, romaine de 2000 ans, surmontées d’autres couches, byzantine, islamique, turque et française. Evidemment, les tribus berbères de Mezghenna étaient là avant, et même avant cet avant, le Néolithique retrouvé à Aïn Bénian ainsi que les dolmens installés sur les rives de l’oued Béni Messous, nécropole mégalithique orientée vers l’Est, montrent une occupation de la région déjà il y a 7000 ans. Plus loin encore, le dénommé «gisement des phacochères» retrouvé sous la Cité Malki, à Ben Aknoun, daterait de 40000 ans, bien que d’autres sources parlent de Paléolithique moyen, c’est-à-dire 100000 ans. Et encore plus loin, le biface déterré à Mahelma, dans les environs d’Alger, a été daté de l’époque de l’Acheuléen, prouvant qu’il y avait du monde déjà dans le coin il y a un million d’années. Il n’y a évidemment pas qu’Alger, même si, par évolutions anthropologiques, elle est aujourd’hui la capitale de l’Homo Sapiens algérien, et que dans 10000 ans, on va peut-être trouver sur le littoral d’étranges traces dues aux étranges civilisations de La Madrague ou de Club des Pins.
Ils sont partout
En dehors d’Alger, il n’y a pas de métro mais il y a des gens. On peut citer les ancêtres, les Têtes rondes du Néolithique dans le Sahara avec leurs gravures et peintures étalées entre -13000 et -5000 ans, qui vont passer du chasseur à l’éleveur et vont finir par inventer une écriture, en passant vers le Libyque puis le Tifinagh. C’est l’heure de l’esthétique et la métaphysique, offrandes, sépultures, la mort pensée, alors qu’au Nord, les Capsiens apparaissent raffinés. On les retrouve dans les grottes d’Oran puis récemment dans celle de Gueldamane, du côté d’Akbou, pour le Néolithique encore, – 5000 ans et l’invention de l’agriculture avec les restes trouvés de blés sélectionnés et de raisin. Avant 10000, la bande littorale est occupée par la civilisation ibéro-maurusienne, qui invente la société. A- 20000, il y a l’Homme d’Afalou près de Melbou, Sapiens Sapiens qui sait qu’il sait, parlait probablement un proto-berbère, installé sur tout le littoral, maître du territoire, sédentaire, qui contrôle déjà les ressources alimentaires et fabrique des statuettes anthropomorphes.
A -45000 ans, nous sommes au Paléolithique moyen, la civilisation atérienne se retrouve du Nil à l’Atlantique et de la Méditerranée au Tchad, ce qui représente la configuration actuelle de l’espace berbère. Des Homo Sapiens, hominidés seuls rescapés de l’épopée du genre Homo, les autres ayant disparu. Mais il y a encore plus loin car il y a toujours plus loin. Qui était ce premier Algérien dans ce pays qui n’était pas encore Algérie ?…. A SUIVRE
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