Extrait revue (4) Babzman : Les cités oubliées –

En Afrique du Nord antique, et plus particulièrement en Algérie, le phénomène sédentaire est une réalité autochtone. Nous n’avons pas attendu l’arrivée des Phéniciens ni celle des Romains pour développer des cités. Nous n’étions pas ces populations errantes, sans agriculture, ni villes, ni loi décrites par les envahisseurs successifs. Il y avait déjà là une civilisation aux influences multiples.

Siga et Cirta sont parmi les plus anciennes cités amazighes antiques connues… Plus tard, au Moyen-Âge, des forteresses imprenables et des médinas furent édifiées par les dynasties musulmanes berbères. Et l’on retrouvait jusqu’au lointain désert des cités florissantes. Mais alors, à quoi ressemblaient ces cités ? 

Il est vrai que l’histoire n’a pas été tendre avec nous. Les Romains ont rasé nos plus anciennes villes. Les Vandales et les Béni Hillal ont tout saccagé sur leur passage. Les luttes de pouvoir incessantes du Moyen-Âge ont dévasté le Maghreb durant des siècles. Et la colonisation française a achevé et pillé ce qui restait encore debout.

Levons le voile de poussière qui recouvre ces cités oubliées et faisons resurgir leur histoire fascinante…

Les cités amazighes antiques

Aussi loin que l’on puisse remonter, à l’époque des mythes et des dieux grecs, l’Afrique du Nord est présente dans les récits légendaires méditerranéens. Hercule y a combattu Atlas le Titan nord-Africain, et Ulysse aurait parcouru ces terres mystérieuses. «Il y avait déjà là une grande civilisation que la Grèce antique considérait comme son égale», affirme l’archéologue et universitaire algérien Mahfoud Ferroukhi.

«On pourrait douter de la puissance, voire même de l’existence de ces royaumes berbères si elle n’était prouvée par la construction de monuments de l’ampleur du Médracen», ajoute Gabriel Camps, le préhistorien français, spécialiste de l’histoire des Berbères. En effet, au IIIe siècle avant J.-C., le Médracen est construit par la dynastie amazighe «numide» pour affirmer sa puissance. Ce monument, directement inspiré par le tombeau d’Alexandre le Grand, imposa la «Numidie» comme une grande civilisation du Bassin méditerranéen. L’importance de ce mausolée ne doit pas être sous-estimée. Non seulement parce qu’il suppose un pouvoir assez fort mais, aussi, parce qu’il représente la transformation des chefs tribaux en rois pour l’éternité. La structuration de la société amazighe et son organisation peut avoir favorisé la naissance de «sièges du pouvoir» : Hiarbas, Ailymas, Syphax, Gaïa, tous ces rois amazighs antiques sont des preuves de l’existence d’un «pouvoir» ; celui-ci devait avoir un «centre de pouvoir» : la Cité.

Siga, capitale de Syphax

A l’ouest du pays et à 10 km du littoral de Rechgoun, se trouvait Siga. Elle était capitale et résidence royale de Syphax, d’après l’écrivain romain du Ier siècle Pline l’Ancien. Le royaume de Syphax couvrait toute la Numidie occidentale. Syphax (250 av J.-C -202 av. J.-C) dont Tite-Live, le célèbre historien romain, décrivait comme étant «le roi le plus riche de cette terre d’Afrique», frappait monnaie, en bronze et en argent, à son effigie et celle de son fils Vermina. Ils y étaient représentés «ceints d’un diadème symbolisant la victoire et la force du monarque qui se confond avec les dieux», d’après Yvon Thébert, archéologue et historien français… Retrouvez la suite, sur la revue papier (4) de Babzman

Kahina Oussaid-Chihani

 

  1. Illustration : Le jardin des Hespérides, Frederic Leighton, 1892

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