Conte – Ettayer lakhdar oua jenahou yroud alayeh – Partie II – Ettayer lakhdar

La jeune fille exécuta les recommandations de la guérisseuse et attendit longtemps dans la caverne au milieu de la forêt avant de voir arriver une caravane de chameaux qui s’arrêta là, pour un bivouac. 

Lorsque les chameaux s’agenouillèrent, la jeune fille se rappela les dires de la vieille qui lui conseilla en termes clairs:

-« Monte sur la dernière chamelle et suis la caravane ! Elle te mènera chez l’oiseau vert et ta maladie disparaîtra! »

Dès que la jeune fille s’installa sur le dos de la chamelle, la terre s’ouvrit et la caravane fut transportée par enchantement pour atterrir devant un somptueux palais.

Le cœur battant, la princesse se précipita vers l’une des pièces  et se dissimula derrière un rideau. A cet instant-même le bel oiseau entra par la fenêtre, et sous les yeux ahuris de la jeune fille, se métamorphosa en un jeune homme dont la beauté rivalisait avec son élégance. La jeune fille se réjouit du spectacle et un immense bonheur emplit son cœur lorsqu’elle eut reconnu le marchand de basilic.

Le jeune homme alla vers un meuble et en tira un coffret d’argent, l’ouvrit, et, un à un, en sortit des bijoux. La jeune fille faillit se trahir en poussant un cri à la vue de ses propres bijoux. Le jeune homme étala les parures puis se mit à pleurer et à se lamenter en disant:

-« Abkou m’aya, ou charkouni fi mahnati, abki ya ksar, abki ya soltane, abkou maliketkoum » (Pleurez avec moi, partagez ma peine, pleurez, palais et roi, pleurez votre reine).

Mais tout ce que le palais contenait, qui d’ordinaire partageait sa peine et s’associait à ses pleurs, répondit par des rires joyeux qui emplirent le palais d’une gaîté inhabituelle. Le prince, car c’était le fils d’un roi, comprit qu’une personne étrangère s' »tait introduite dans son palais. Il dit à l’adresse de l’inconnu:

-« Jen oua illa insan, aleyk el aman! » (Génie ou humain,tu as la sécurité ! )

Ne pouvant résister, la jeune fille sortit de sa cachette. Le prince reconnut sa bien-aimée qu’il prit dans ses bras pour une longue étreinte amoureuse.

-« Comment se fait-il ? » demanda le prince

-« Khalit ahli oua hbabi, jitkoum min b’id, ala dhar el b’ir, hamla izzi oua chababi li tayer lakhdhar elli igheni ou jnahou iroud allayeh, houa, elli khda kelbi oua mel kébir », se contenta de répondre la jeune fille. (J’ai laissé mes parents et mes amis, pour venir vers vous sur le dos d’un chameau, portant mon honneur, ma jeunesse à l’oiseau vert qui a pris mon coeur et un grand trésor)

Les jeunes gens s’unirent et vécurent un bonheur ineffable profitant de leur solitude et de la complicité des lieux… Mais ce fut de courte durée… A SUIVRE

 

Source: Contes du terroir algérien – Editions Dalimen

Image: illustration de Léon Carré

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