Au fil de l’histoire et de par les cultures, la chaussure s’est avérée la réponse à une volonté commune de s’élever dans tous les sens du terme.
En Europe, les chopines des XVIe et XVIIe siècles constituent l’exemple le plus marquant de l’avènement de la chaussure surélevée.
Ces plates-formes si peu pratiques, sont l’apanage des courtisans vénitiens, avant d’être adoptées par les européennes riches et élégantes qui devaient, pour marcher en chopines, se faire aider de serviteurs ou d’hommes chevaleresques.
Les chopines étaient Constituées d’une plate-forme en bois recouverte de velours couleur or, et ornées de dentelle argentée, de rubans ruchés et d’un gland, elle illustre de façon remarquable le style de chopine de hauteur moyenne propre à la période. Le talon de certaines des plus extravagantes chopines, pouvaient atteindre jusqu’à 75 cm.
Aux origines de la chaussure surélevée à plateaux
Les talons compensés étaient déjà présents au temps des Égyptiens antiques, car on retrouve quelques descriptions (sur des figures murales) d’hommes et de femmes au plus haut statut, portant des talons hauts, probablement pour des cérémonies. Les bouchers égyptiens portaient également des talons hauts, pour éviter le sang coulant des bêtes mortes
Puis ce fût au tour des Romains de leurs donner une dimension pratique. Les talons servaient à garder les pieds bien calés dans les étriers quand on montait à cheval.
La chaussure surélevée devient un phénomène de mode, lorsqu’elle quitte son rôle purement fonctionnel, pour devenir un accessoire permettant de se montrer et d’affirmer son rang.
Ainsi, Les « kabkabs surélevés sont des échasses en bois utilisées à ces fins, pendant des siècles au Moyen-orient et dans l’empire Ottoman. Le kabkab surélevé, est porté dans les salle humides du bain maure, ou il permet de traverser la pièce sans se mouiller, mais il peut aussi se parer d’incrustations de nacres pour être porté lors d’occasions spéciales. C’est bien eux qui semblent avoir engendré les les chopines vénitiennes dont les plateaux atteignent des hauteurs exagérées.
En effet, Les hautes sandales appelées kabkabs, portées par les femmes turques aux bains publics, comptent parmi les chaussures d’origine « exotique » qui firent leur apparition à Venise à partir du XVI e siècles. Le kabkab fait sensation et accessoirisé à la mode Italienne il devint la chopine, l’échasse qui conquerra l’Europe toute entière, avant d’être abandonnées au XVII e siècle.
Enfin, le Kabkab est importé en Afrique du nord pendant la période ottomane, c’est-a-dire lorsque la mode de la chaussure surélevée commence à tomber en désuétude. On garde le principe de la chaussure surélevée pour ne pas prendre l’eau au hammam, mais les hauteurs sont plus raisonnables et moins vertigineuses.
Mira B.G
Sources :
- Histoire de la chaussure à travers les âges, ouvrage réalisé pour les 100 ans de Bata Shoe
- https://histoiredeschaussures.com/tag/histoire-de-la-chopine/
- Illustration : Femme turque et son esclave, fin XVIIIe siècle, Jean-Etienne Liotard, Musée d’art et d’histoire, Ville de Genève