Conte – El fella – Partie II – La maladie d’amour

La jeune fille voulut rencontrer le prince. Dada se plia a sa demande et obtint de l’invité, une entrevue secrète. La nuit à l’heure où tout le monde dormait d’un profond sommeil, le prince s’introduisit dans le jardin et put parler avec la belle qui le voyait du haut de la tour, depuis la fente de sa fenêtre brisée.

La scène se répéta souvent, durant le séjour d’étude du prince. Ne connaissant pas le prénom de la jeune fille de la tour, il la surnomma Fella, du nom de la fente par laquelle il la voyait.

Mais il fallait partir. De retour chez lui, le prince perdit le goût de vivre en l’absence de Fella qui, de son côté,  dépérissait de jour en jour. Le roi son père, en fut informé et fit venir à son chevet, les plus grands médecins qui dirent tous :

« La princesse est atteinte de la maladie d’amour qui la ronge intérieurement. »

-« Comment se peut-il, s’interrogea alors le roi ? Ma fille ne connait rien du monde extérieur : elle a été élevée dans une tour de verre, loin de tout contact humain. »

Jugeant leur diagnostic erroné, le sultan décapita tous les médecins dépêchés auprès de la princesse  et déclara que c’était le sort de tout charlatan qui oserait soutenir la même idée. Il lança un appel  pour trouver le seul médecin  qui guérirait sa fille de ce mal étrange faisant de sa fille une morte vivante.

Un jour, on annonça l’arrivée dans  la cité d’un tbib scoli. Le vieil homme se présenta devant le roi et prit la précaution de lui dire :

-« Sire, je suis tbib scoli oua ifrej alla allah, (je suis le médecin sicilien mais la guérison relève de Dieu) car la médecine n’est pas une science exacte et certaines maladies ne se situent pas dans le corps mais dans le cœur, ou dans l’esprit. L’être humain, cette créature de Dieu, est encore une grande énigme  pour tous les savants  du siècle, ajouta le sage. »

-« Je veux que tu me dise honnêtement ce dont souffre ma fille. Je te récompenserait à la hauteur de ta grande sagesse. »

Le médecin fut introduit auprès de la princesse qui se mourait d’amour pour le mystérieux prince dont elle n’avait plus aucune nouvelle. Il comprit où siégeait le mal. Il demanda un agneau qu’il égorgea. Il présenta ensuite le d=cadavre de la bête avec le cœur à côté. Le spectacle toucha la princesse qui se mit à pleurer  en disant :

« Soubhan Allah, yekhlak ma yacha ! Jarali ki el khrouf : batnou khali minkalbou. Kalbi eddah Amar Gdar ben Gdar,  ahmar echiffa, ekhal ech’ar. Abki alih ya echjar, abki ya ayn ala kalb enissa eddami ala elli ma khala hatta khbar (Hommage à Dieu qui crée ce qu’il veut ! Je suis comme cet agneau dont le corps c’est vidé de son cœur. Mon cœur a été prit par Amer  le courageux, fils de courageux, aux lèvres rouges et aux cheveux noirs ! Pleurez O pierres ! Pleurez O arbres ! Pleure œil pour le cœur de femme qui saigne pour celui qui est parti sans laisser d’informations). »

Le père de sa cachette, avait tout entendu et jugea sa fille coupable de trahison. Il ordonna qu’on la décapite sur le champ.

-« Va, dit-il au bourreau, tue-la et ramène-moi son sang. » … A SUIVRE

 

Source : Conte du terroir Algérien – Editions Dalimen

Illustration : Dessin de Léon Carré

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