Après l’obtention de l’indépendance par l’Algérie, en 1962, les berbérophones de Kabylie, une région du nord du pays, expriment des inquiétudes face aux politiques arabisantes du gouvernement qu’ils perçoivent comme une volonté de les assimiler. En avril 1980, les tensions éclatent à la suite du refus des autorités de permettre à l’écrivain berbère Mouloud Mammeri de prononcer une conférence sur l’ancienne poésie berbère à l’Université de Tizi-Ouzou.
À Alger et en Kabylie, les étudiants manifestent pour la reconnaissance de la langue et de la culture berbère. Le 20 avril, ils font une grève et occupent l’Université de Tizi-Ouzou. Face à une opération militaire visant à les déloger, les Berbères déclenchent une grève générale et établissent des barricades partout en Kabylie. Le gouvernement isole la région du reste du pays et écrase le soulèvement après quatre jours d’affrontements violents (32 morts, des centaines d’arrestations).
Moment fort de la lutte des Berbères pour leur identité, ce «printemps berbère», ou «printemps de Tamazight», démontre aussi leur opposition au régime en place. Pour calmer la situation, le gouvernement fait des compromis. Il libère les personnes arrêtées, lève l’état d’urgence et promet de supporter la culture berbère. En août 1980, une conférence sera organisée pour faire le point sur la crise.
Des projets sont élaborés pour l’avancement de la culture berbère, mais avec peu de résultats à court terme. Les Berbères continueront néanmoins leur lutte, revendiquant notamment la reconnaissance de leur langue (Tamazight) comme langue nationale et son enseignement à tous les niveaux du système d’éducation.
Source :
Perspective Monde, 20 avril 1980, Début du «printemps berbère» en Algérie