Mohamed Boudjemaâ naît dans la Casbah, à Zenkat Ennakhla (la rue du palmier) à Bir Djebbah, dans une famille nombreuse et très modeste. Originaire du village Ait Arhouna, dans la commune de Tigzirt-sur-Mer, son père est coursier et magasinier chez le parfumeur Lorenzy.
Le jeune Mohamed va à l’école Brahim Fatah où il obtient son certificat d’études primaires en 1939. Il a alors 11 ans et va travailler quelques temps chez son oncle Hassaîne Boudjemaâ, propriétaire d’une crémerie. Puis, il rejoint Sid Ahmed Serri, un autre mélomane au greffe de la cour d’Alger.
Mohamed est jeune et il aime la musique, il rêve aussi d’en faire. El Anka fait partie de ses idoles,d’où le choix de son nom de scène plus tard. Durant la période de la Seconde Guerre, il apprend à jouer de la mandoline, puis de la guitare et chante le répertoire des grands maîtres. Il évolue dans une troupe proche du PPA et perfectionne son talent. Et en 1945, il est accueilli dans une nouvelle troupe qui compte en son sein deux grands maîtres : El Anka et Mrizek.
Il amorce sa nouvelle carrière par des qacidate du m’dih et reprend le répertoire du Cheikh Said El Meddah, son voisin à notre Dame d’Afrique. Le succès commence à se faire sentir au milieu des années 50 et le pousse à faire de nouveaux arrangements et à se lancer dans la chansonnette.
Mais suite à une mauvaise expérience avec le directeur artistique de sa maison d’édition, Boualem Titiche, Mohamed Boudjemaâ casse son mandole et arrête la chanson.
Il travaille comme gardien dans la cité Climat de France lors du déclenchement du 1er novembre 1954. Et durant la guerre de l’indépendance, il subira, comme beaucoup d’autre, la torture, lors de deux arrestations, en 1957, puis en 1960.
A l’indépendance, l’une de ses chansons raisonne dans tous les foyers de la capitale : Djana El Intissar, dont il est l’auteur et le compositeur, et qui, à la base, renvoie aux manifestations du 11 décembre 1961.
A cette période où la liesse de l’indépendance se poursuit, Boudjemaâ El Ankis veut toucher les jeunes. Il travaille avec Mahboub Bati et son chaâbi raisonne dans une langue plus algérienne, désormais délesté de la lourdeur d’avant, nettement plus rythmé et surtout, des paroles qui traitent des préoccupations des jeunes.
Le duo explosif enchaine chansons sur chanson. En tout, une soixantaine de tubes dans la veine de « Ah ya intiyya » et « Tchaourou ‘Alia », envahissent les ondes de la radio.
D’autres chanteurs suivront ce chemin à succès, dont Amar Ezzahi, Guerouabi , Hassen Said et El Achab. En 1970, la chansonnette atteint son apogée, mais décline à partir des années 80. Le chaâbi classique reprend le dessus et El Ankis reprend ses qacidates.
Durant les années 90, Alors que l’Algérie est plongée dans la violence, Boudjemaâ El Ankis se retire de la scène. Dans une interview datée de 1998, il avoue : « Personnellement, ce qui m’a éloigné de la scène, c’est le fait de voir les gens se faire massacrer et se faire égorger. Je n’avais pas l’envie ni le courage ou le cœur de chanter. »
Il réapparait lorsque la vie reprend son souffle dans le pays, mais son âge ne lui permet plus d’être aussi actif qu’avant. Un vibrant hommage lui a été rendu en 2012, en présence de ses proches, ses amis et ses fans.
Boudjemaâ El Ankis est aujourd’hui le doyen du chaâbi. Son répertoire compte pas moins de trois cent chansons de différents styles. Et le cercle de ses fans continue à s’élargir.
Z.M.
Sources :
- https://www.hibamusic.com
- Interview réalisé par Salim Bey in Demain L’Algérie du 26 octobre 1998.
- https://www.orientespace.com
- https://www.infosoir.com
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merçi a vous