Musulmans sunnites de rite malékite et issus de tribus berbères Sanhadja, les Almoravides ont tenté d’établir l’unité pérenne de l’Andalousie tout en étant les maîtres du Maghreb de l’ouest, dès 1062 à partir de leur capitale Marrakech.
Sous l’impulsion de Youssef ibn Tachfin, le mouvement des Almoravides – el mourabitûn – entreprend le contrôle du Maroc – Maghreb el aqsa –, établissant vers 1060, sur le cours supérieur de l’oued Tensift, une base d’opérations appelée à devenir Marrakech. Premier sultan, troisième chef après Abou Bakr son cousin et le prédicateur Abdallah ben Yacin, l’imam Youssef, ce Berbère sanhadji, incarne le caractère guerrier des Almoravides. Il hérite avant tout de la rigueur de l’esprit, celle de mourir pour la foi. Elle sera forgée dès 1035 grâce au prédicateur malékite cité ci-dessus. Lui et ses fidèles se sont installés sur l’île de Tidra (au large du banc d’Arguin en Mauritanie), dans un fortin – ribât, d’où leur nom – pour y constituer une communauté religieuse. Composée principalement des Lamṭûna (les voilés) : tribus sahariennes berbères des Ṣanhadja, elle constitue une armée. Un ordre qui, d’après l’historien Al Bakri, est ainsi décrit : « Ils sont d’une intrépidité qui n’appartient qu’à eux seuls et se laissent tuer plutôt que de fuir. On ne se rappelle pas les avoir vus reculer devant l’ennemi… ».
Campagnes de Youssef ibn Tachfin
Leurs premières actions résident dans la prise de Sijilmassa, capitale des Zénètes, et d’Aoudaghost, celle des Sanhadja, en 1054. Ils mettent fin par là même à l’hégémonie de l’empire du Ghana dans le Sud. Puis, ils occupent l’ensemble du Sahara de l’ouest et peu à peu le territoire marocain vers 1060. Dès lors, Youssef Ibn Tachfine dirige en souverain les Almoravides. Leur autorité s’étend jusqu’à Oujda, Tlemcen, Ténès et Oran en 1082, leur invasion va jusqu’à l’Ouarsenis et la vallée du Chéllif en Algérie. Au lieu de poursuivre l’expansion jusqu’à l’est – Maghreb el adna –, Youssef préfère répondre, après la chute de Ceuta (Sebta) en 1084, à l’appel des émirs d’Andalousie. Il est question d’une lutte efficace contre les entreprises chrétiennes. La première campagne aura lieu à Séville, en octobre 1086, l’expédition almoravide de vingt mille hommes étant renforcée par des contingents de Grenade, Malaga et Almeria. La bataille victorieuse sera livrée à Zallaqa (Sacrajas, à une quinzaine de km au nord-est de Badajoz), après la jonction des forces de l’émir local.
La chute en 1146
Au terme de trois autres campagnes réussies, Youssef jouit du titre de Amir el muslimin. Il décède en septembre 1106, âgé de 97 (ou 100 ans) ans. Son fils Ali prend le relais. Il occupe le royaume de Saragosse en 1110, mais face aux incursions des Génois en Andalousie (en 1115), il se retrouve en position défensive. Le rapport des forces n’est plus favorable aux Almoravides qui enregistrent aussi la perte de grands chefs de guerre. Aussi, une autre menace oblige Ali ben Youssef à se replier sur Marrakech. A l’appel de Mohamed ibn Toumert, les Almohades – el mouwahiddun –, nouvelle communauté musulmane de Berbères Masmuda, contestent le pouvoir almoravide. Ils remettent en cause son interprétation des préceptes coraniques et son hégémonisme sur les musulmans d’Andalousie. Après la mort d’Ali en 1142, son fils Tachfīn ne peut pas s’opposer, lui aussi, à l’avancée des Almohades. Sous le commandement de Abd el Mumin, en 1146, ces derniers prennent Marrakech et signent la fin de la dynastie almoravide. !
Mohamed Redouane
Bibliographie:
- L’Espagne sous la domination almoravide et almohade par Philippe Conrad, août 2002.
- Almoravides par Lucien Golvin dans Encyclopédie berbère, 1986.
- Illustration: Les Almoravides débarquent sur la péninsule ibérique. Auteur Justo Jimeno Bazaga